Définition : qu'est-ce que le bruxisme ?
Le bruxisme se traduit par un grincement, un claquement ou un serrement des dents en dehors des phases habituelles de mastication et de déglutition.
"Le bruxisme est une pathologie des articulations temporo-mandibulaires. La plupart du temps, le phénomène est nocturne et le patient ne se rend pas compte qu'il grince, serre ou claque des dents", selon le docteur Sofia Dubois, chirurgien dentiste à Paris.
Le bruxisme touche aussi bien l’enfant (phénomène physiologique visant à user les dents de lait) que l’adulte, généralement lié au stress.
S’il reste occasionnel, le bruxisme est sans risque pour la santé. Mais lorsque les épisodes de bruxisme reviennent régulièrement, ils peuvent provoquer des dommages sérieux :
- dégradation et usure de l’émail des dents ou même de la dentine (couche localisée sous l’émail, comparable à l’ivoire) ;
- sensibilité des dents aux variations de température et à certains aliments ;
- érosion des couronnes dentaires ou dans les cas sévères, cassure de la dent ou atteinte d’un nerf ;
- déchaussement des dents…
Un brève histoire de l'usure dentaire
La première définition du bruxisme est celle de Marie Pietkewicz en 1907 qui qualifiait la maladie de « bruxomanie » , à savoir « des activités de serrement de dents et de friction dentaire sans but fonctionnel ». En 2005, l’ASDA (American Sleep Disorders Association) décrit des mouvements « stéréotypés et périodiques, rythmiques ou spasmodiques » à l'origine de certaines complications comme une usure des dents ou une gêne musculaire de la mâchoire. Trois ans plus tard, l’AAOP (American Academy of Orofacial Pain) précise que le bruxisme peut être décelé par la présence de facettes d’usure . En 2013, un consensus international (établi par Lobbezzo and.al) met en exergue le caractère répétitif des mouvements du bruxisme et la crispation d’ordre musculaire de la mâchoire.
Des chiffres qui font grincer des dents
Le bruxisme est fréquent, touchant environ 8% de la population adulte. Le bruxisme nocturne est plus fréquent chez l’enfant (décelé chez 10 à 20% des enfants). À l’inverse le bruxisme diurne s’installe avec l’âge, touchant plus de 20% de la population adulte. Le bruxisme regarderait davantage les femmes.
Quels sont les différentes formes de bruxisme ?
En 2008, l’AAOP (American Academy of Orofacial Pain) distingue le bruxisme diurne et le bruxisme nocturne. La journée, le bruxisme se caractérise par un serrement des dents et une crispation de la mâchoire. La nuit, le bruxisme se traduit par des mouvements de broyage et de friction. Pour le scientifique Lobezzo ces deux formes de bruxisme ont des causes et des mécanismes physiologiques différentes.
Le bruxisme diurne
D'après l’Association américaine de psychiatrie (AAP), il s'agirait d'un trouble du comportement se traduisant par des contractions musculaires de la mâchoire d'une durée de 2 secondes. Il peut aussi s'agir d'un serrement de dents en continu. Le bruxisme diurne est lié au stress. Ce bruxisme augmente souvent en intensité au fil de la journée.
"Ce phénomène peut être inconscient mais aussi parfois conscient : le patient finit par se rendre compte qu'il contracte la mâchoire en raison de douleurs dans le visage ou dans le cou. La prise de conscience joue dans la thérapeutique", selon Sofia Dubois, chirurgien-dentiste.
Le bruxisme nocturne
Le bruxisme nocturne est qualifié de parasomnie, une catégorie de trouble du sommeil caractérisée par des comportements indésirables qui surviennent au cours de l'endormissement, pendant le sommeil ou lors de la phase d'éveil. Le bruxisme est parfois encore présent réveil mais s'atténue au fil de la journée.
Le bruxisme nocturne se manifeste par phases : « contractions brèves et répétées de la musculature masticatoire avec au moins trois rafales consécutives d’activités électromyographiques qui durent entre 0,25 et 2 secondes chacune ». Cette forme de bruxisme est la plus compromettante pour les dents.
Causes : qu'est-ce qui déclenche le bruxisme ?
Il existe deux grandes causes possibles à l’apparition du bruxisme. On distingue :
- le stress : il s’agit de la cause la plus courante. Les personnes sujettes aux grincements de dents sont la plupart du temps soucieuses. Dans 70% des cas de bruxisme, ce dernier est lié au stress ou à l'anxiété.
- un trouble de l’occlusion dentaire, appelé malocclusion : dans certains cas, les contacts entre les dents du haut et les dents du bas ne se font pas correctement et la personne a l’impression que ses dents la gênent. Instinctivement, elle sert donc ses dents, les faits grincer, les frotte pour les user et pouvoir fermer la mâchoire correctement.
Grincement des dents : quels sont les facteurs de risque ?
Les facteurs de risque du bruxisme sont :
- l'atteinte par d'autres troubles du sommeil : ronflements, apnée du sommeil, parasomnies (paralysie du sommeil, somnambulisme, terreurs nocturnes...);
- la consommation de tabac, de café, de thé et d'alcool;
- le stress et les troubles anxieux;
- la prise de certains médicaments comme les antidépresseurs (les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ou ISRS);
- des dents mal rangées ou alignées.
Quels sont les symptômes du bruxisme ?
Reconnaître le bruxisme nocturne
Généralement, le bruxisme survient la nuit, de manière inconsciente.
La plupart du temps, le trouble est remarqué pour la première fois par le conjoint. Au réveil ou au cours de la journée, la personne touchée par le bruxisme est souvent incapable de reproduire ces phénomènes car elle est consciente de ce qu’elle fait.
Il peut s’agir de :
- bruxisme excentré : grincements de dents accompagnés de bruits ;
- bruxisme centré : serrements de dents plus ou moins silencieux.
Au réveil, certains signes, révélateurs d’un bruxisme, peuvent apparaître :
- douleurs et sensation de raideur au niveau de la mâchoire ;
- douleurs musculaires locales ;
- migraines...
Reconnaître le bruxisme diurne
Le bruxisme diurne se manifeste sous la forme d'un serrement de la mâchoire intermittent ou continu dont le patient n'a pas toujours conscience. Des douleurs et raideurs dans la mâchoire et parfois dans la nuque ainsi que la manifestation de maux de tête finissent généralement par le pousser à consulter un médecin ou un dentiste.
Quelles sont les complications liées au bruxisme ?
"La conséquence du bruxisme est une usure anormale et excessive des dents. Les patients auront des dents plates et courtes. L'émail puis la dentine vont être usées et le patient va perdre du tissu dentaire", selon le docteur Sofia Dubois. Le bruxisme est susceptible d'entraîner de nombreuses complications :
- l'apparition d'un espace foncé entre les dents et l'os (déchaussement dentaire) ;
- une fonte osseuse autour des dents ;
- une mobilité dentaire ;
- des symptômes osseux (remodelages osseux compensatoires, exostoses, torimandibulaires, lyses osseuses de forme concave, etc.) ;
- des manifestations buccales : lésions sur les lèvres, la langue et l’intérieur des joues, une ligne blanche hyperkeratinisée sur la face interne de la joue...
- des troubles de l’occlusion dentaire (manière dont les dents mandibulaires s’engrènent avec les dents maxillaires) qui peuvent compromettre la mastication, la déglutition et la phonation ;
- des signes musculaires (douleurs, hypertrophie, hypertonicité, contracture, trismus musculaires de la mâchoire, etc.) ;
- des signes articulaires (douleurs au niveau des articulations temporo-mandibulaires, remodelage des condyles, arthrose temporo-mandibulaire, déplacement des disques articulaires, etc.) ;
- une ankylose dentaire, c’est-à-dire la fusion de la dent avec l’os ;
- des facettes d’usure qui donne une impression de dents courtes, élargies et dont les bords s’alignent ;
- un élargissement de l’os alvéolaire (c’est-à-dire l’os qui entoure et maintient la dent sur l’arcade maxillaire) ;
- un déplacement latéral des dents ;
- une usure dentaire (érosion, abfraction, abrasion, attrition dentaire...).
- de difficultés de mastication ;
- une pression sur la face occlusale des dents qui prédispose aux fractures et fêlures dentaires. Celles-ci peuvent faciliter le passage de bactéries pouvant entraîner une inflammation (pulpite) voire une nécrose.
Quels conseils de prévention ?
Il peut être utile de suivre quelques conseils pour éviter l’apparition ou la récidive du bruxisme :
- consulter un dentiste régulièrement afin d’examiner et vérifier l’état des dents ;
- éviter les sources d’angoisse et de stress ;
- traiter le stress chronique en suivant une psychothérapie (en consultant un psychiatre ou un psychologue) ou en ayant recours aux thérapies brèves (hypnose, PNL, EFT, EMDR, sophrologie, coaching, art thérapie...) ou encore en pratiquant le yoga, la relaxation ou la méditation;
- pratiquer une activité physique régulière pour éliminer les tensions et angoisses.
Comment est établi le diagnostic de bruxisme ?
Pour beaucoup de patients, le bruxisme passe inaperçu, n'entraînant ni gêne ni douleur.
D'autres patients consultent un dentiste car ils ressentent des douleurs dans la mâchoire ou le cou ou que leurs dents s'effritent, se raccourcissent, se déchaussent ou encore parce qu'un de leurs proches leur a signalé qu'ils claquaient des dents la nuit.
Pour confirmer le diagnostic de bruxisme, le dentiste réalisera un entretien clinique, une exploration et une étude radiographique.
Traitements : comment se débarrasser du bruxisme ?
Certains traitements permettent de limiter les dégâts causés par le bruxisme.
Le port d'une gouttière
La gouttière occlusale est un appareil dentaire en résine conçu à partir des empreintes dentaires du patient. "Il s'agit d'une gouttière de relaxation neuromusculaire fabriquée sur mesure. Elle se porte la nuit, empêchant le contact entre la mâchoire inférieure et la mâchoire supérieure en cas de claquements, grincements, serrements", selon le docteur Sofia Dubois.
L'équilibrage dentaire
Si le dentiste constate un défaut d'emboîtement des dents, il peut procéder à un ponçage (meulage) sur la surface des dents afin de les stabiliser.
Le traitement du stress
Si votre bruxisme est dû au stress ou à un trouble anxieux, il est conseillé de traiter ces derniers par la méthode qui vous correspond le mieux : psychothérapie, thérapies brèves, méditation, relaxation, yoga. Des exercices de méditation/respiration à pratiquer avant le sommeil sont recommandés pour traiter le bruxisme nocturne.
Si vous consultez un médecin ou un psychiatre, des anxiolytiques (à prendre à titre occasionnel) ou un traitement de fond par des antidépresseurs pourraient vous être prescrits. Attention les somnifères donnent de mauvais résultat en ce qui concerne le bruxisme nocturne.
De meilleures habitudes de vie
L'évitement de facteurs de stress ou du surmenage et également celle des substances psychoactives (alcool, tabac, thé, café, boissons énergisantes, etc.) permettent d’atténuer les symptômes du bruxisme.
Une prise en charge ostéopathique est également une solution intéressante, elle vise à atténuer les sources de tension convergeant vers la mâchoire.
Enfin, l'homéopathie peut être efficace en complément d'un traitement adapté.
Homéopathie
En cas de bruxisme, il est possible de prendre :
- Belladonna 9 CH, 3 granules tous les soirs au coucher jusqu’à amélioration de l’état ;
- Cina 15 CH et Kalium bromatum 9 CH, 5 granules de chaque au coucher pour éviter le grincement des dents nocturne ;
- Stramonium 9 CH et Hyoscyamus 9 CH, 1 granule matin et soir, si le bruxisme est lié à des terreurs nocturnes, aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte ;
- Coffea 9 CH, 1 granule matin et soir si les manifestations sont liées à une névralgie dentaire.