Définition de l'allergie
Qu'est-ce que l'allergie ?
L'allergie se définit comme un dérèglement du système immunitaire. Pour rappel, le système immunitaire est l'ensemble des organes, tissus, cellules et molécules assurant la défense de l'organisme contre des éléments exogènes menaçants (bactéries, virus, parasites...). Mais en cas d'allergie, le système immunitaire réagit vis-à-vis d'un élément a priori inoffensif que nous appelons allergène.
L'allergie présente un tableau clinique extrêmement polymorphe : il existe de nombreux allergènes mais aussi une diversité des types de réactions allergiques.
- On distingue les pneumallergènes ou aéroallergènes (poils d'animaux, acariens, pollens...), les trophallergènes ou allergènes alimentaires (œufs, crustacés, arachide, soja...), les allergènes de contact (certains métaux, latex...), les venins d'insectes, les médicaments...
- En outre, on observe des réactions allergiques de type respiratoire (rhinite, asthme...), cutanée (eczéma, urticaire...), digestive (nausées, maux de ventre, diarrhées) ou encore généralisée (anaphylaxie).
" Pour qu'une allergie se déclenche, deux conditions doivent nécessairement être réunies : une prédisposition génétique (nous parlons de terrain atopique héréditaire) ainsi qu'une exposition répétée à l'allergène", souligne le docteur Edouard Sève, allergologue à Fontainebleau.
Si le nombre de personnes allergiques a considérablement augmenté ces dernières années, il existe aujourd’hui des méthodes de diagnostic et de traitements très efficaces. La prise en charge passe par l'éviction de l'allergène et parfois par la prise de médicaments ou par une stratégie de désensibilisation.
Quelle est la fréquence de l'allergie ?
- 25 à 30% de la population est concernée par une maladie allergique (source 1) ;
Dr Edouard Sève : "Aujourd'hui l'allergie concerne 25% de la population en France et ces chiffres ne cessent de croître. On estime que dans quelques années, 50% des individus seront affectés."
- La dermatite atopique affecte 15 à 20% de la population (source 1) ;
- L’asthme touche 7 à 10 % de la population (source 1) ;
- La rhinite et la conjonctivite allergique affectent autour de 15 à 20% de la population (source 1);
- Les allergies alimentaires oscilleraient entre 2% chez l’adulte et 5% chez les enfants (source 1).
Allergie : qui est concerné ?
Tout le monde peut être concerné par une ou plusieurs allergie(s). Cependant les enfants, les adolescents et les jeunes adultes sont les plus affectés. En outre les individus qui ont des antécédents familiaux d'allergie ou qui sont régulièrement exposés à un ou plusieurs allergènes sont les plus à risque.
Les différentes réactions d'hypersensibilité
Parfois, lors d’un contact avec une substance a priori inoffensive, l'organisme réagit de façon anormale par l’une ou l’autre réaction d’hypersensibilité suivante :
- type 1 (immédiate) : production d'anticorps appelés Immunoglobulines de type E (IgE) comme dans l’asthme, la rhinite et la conjonctivite allergiques, les allergies au latex et à certains aliments ;
- type 2 : intervention des cellules (macrophages, lymphocytes T cytotoxiques...) et des facteurs du complément (substances participant à la défense de l’organisme contre l’infection) comme dans les rejets aigus de greffon après transplantation, les anémies hémolytiques et certaines autres maladies ;
- type 3 : action des complexes immuns circulants (associations d’antigène et d’anticorps) comme dans le lupus, l’aspergillose bronchopulmonaire ;
- type 4 (retardée) : participation de différents types de lymphocytes T (cellules de l’inflammation) responsables entre autres, de l’eczéma de contact et de plusieurs formes d’hypersensibilité médicamenteuse.
L’hypersensibilité de type 1, la plus fréquemment rencontrée, est responsable de toutes les pathologies causées par une production intense d’IgE ainsi que de nombreuses réactions allergiques.
Les différents types d'allergies
Il existe plusieurs types de réactions allergiques :
- les symptômes allergiques respiratoires : asthme, dyspnée, rhinite ;
- les symptômes allergiques oculaires : conjonctivite allergique ;
- les symptômes allergiques cutanés : eczéma atopique, urticaire atopique...;
- les symptômes allergiques digestifs : diarrhées, nausées, maux de ventre...
- les symptômes allergiques généralisées (choc anaphylactique).
Les causes de l'allergie
Un dérèglement du système immunitaire
Le système immunitaire permet d'identifier et de neutraliser des éléments exogènes menaçants comme les virus, les bactéries, les parasites... En cas d'allergie, le système immunitaire adopte cette même réaction de défense mais vis-à-vis d'éléments a priori inoffensifs appelés allergènes.
L'allergie résulte de la libération d'anticorps et/ou des lymphocytes T. La majorité des allergies sont causées par des anticorps appelés immunoglobulines de type E (IgE). Ces allergies sont dites IgE-dépendantes. Lorsqu’un allergène se lie à des IgE, cette dernière va alors relarguer des médiateurs chimiques responsables des symptômes inflammatoires : histamine, tryptase, leucotriènes, prostaglandines…
L'allergie, une maladie innée et acquise
Deux conditions doivent être réunies pour qu'une allergie se déclenche :
- l'individu doit avoir un terrain allergique d'origine génétique héréditaire ;
- l'individu doit avoir été exposé à l'allergène de façon répétée.
"Il est à noter que si l'individu est atopique, il ne développera pas forcément les mêmes symptômes que ses parents. Par exemple, un père qui a une rhinite peut avoir un enfant asthmatique. Il se peut aussi que les symptômes de l’allergie n’apparaissent pas parce que l'individu a été tenu à l’écart des allergènes les plus fréquents dans notre mode de vie actuel", explique le docteur Edouard Sève.
Qu'est-ce que l'atopie ?
L'atopie est une prédisposition génétique au développement cumulé d'allergies courantes (dermatite atopique, un type d'eczéma ; asthme ; rhinite allergique, allergies alimentaires diverses .... Un sujet diagnostiqué avec un syndrome atopique développe souvent plusieurs de ces allergies. L'atopie implique des phénomènes d'hypersensibilité, avec développement d'IgE, en présence de protéines courantes : pollen, allergènes alimentaires, poussière, etc.
Des expositions répétées à un allergène
L’allergie est provoquée par certaines substances allergènes (allergènes de contact, allergènes respiratoires ou inhalés, allergènes ingérés...).
Parmi les allergènes les plus fréquents, on peut rencontrer :
- les acariens ;
- les poils d'animaux;
- les pollens d’arbres et de graminées ;
- les moisissures ;
- le latex ;
- certains métaux (nickel, chrome) ;
- les substances parfumées et cosmétiques ;
- les venins d'hyménoptères (abeilles, guêpes, etc.) ;
- le henné noir ;
- certains cosmétiques ou parfums ;
- certains tissus ;
- le lait, les arachides, les œufs, le poisson, le kiwis, le chocolat... ;
- les médicaments (antibiotiques, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les curares (ou myorelaxants) utilisés en anesthésie générale....).
Les facteurs de risque de l'allergie
Les facteurs favorisant le déclenchement d'une allergie sont :
- des antécédents familiaux d'allergie ;
- une exposition répétée à un ou plusieurs allergène(s).
"D'autres facteurs sont moins déterminants mais favorisent le déclenchement de la maladie comme la pollution, le tabac ou un environnement trop aseptisé (thèse hygiéniste)", selon le docteur Edouard Sève. Il faut aussi ajouter d'autres facteurs comme : - une maladie de peau comme un eczéma (en effet, lorsque la peau est lésée les allergènes pénètrent plus facilement sensibilisant le patient) ;
- l'exposition à des hauts niveaux de germes, de toxines, de substances en rapport avec les animaux/ produits de ferme, les étables, la consommation de lait cru pendant l'enfance ou pendant la grossesse (source 2).
Les symptômes de l'allergie
Les symptômes peuvent être très variés selon le type d’allergie :
- urticaire ;
- éruption cutanée ;
- eczéma ;
- rougeurs (érythème cutané) ;
- démangeaisons ;
- éternuements ;
- nez qui coule ;
- démangeaisons nasales ;
- obstruction nasale ;
- yeux qui picotent ou larmoient ;
- toux ;
- asthme ou difficultés respiratoires ;
- démangeaisons au niveau de la bouche après ingestion d'un aliment ;
- troubles digestifs (nausées, diarrhées, vomissements, maux de ventre...);
- gonflement (oedème) des lèvres, des yeux, du visage, de la langue, de la gorge…;
- œdème de Quincke (gonflement rapide de la peau et des muqueuses au niveau de la tête et du cou, il peut être une urgence médicale).
La réaction allergique est variable selon l’allergène responsable et la sensibilité de la personne touchée.
Dans quelques cas exceptionnels, il peut y avoir un choc anaphylactique (réaction allergique aigüe à médiation IgE qui peut être mortelle). Il s’agit d’une urgence médicale. Une injection immédiate d’adrénaline est nécessaire.
La prévention de l'allergie ?
En cas de prédisposition familiale, il faut être attentif aux jeunes enfants et mettre en place un certain nombre de précautions visant à limiter les contacts avec les substances allergisantes :
- éviter les animaux à poils à domicile ;
- aérer chaque jour les lieux fermés, notamment son domicile ;
- passer régulièrement l'aspirateur chez soi ;
- utiliser des appareils (aspirateur, climatiseur) dotés de filtres à particules de haute qualité ;
- ne pas trop chauffer ;
- ne pas fumer ;
- éviter les textiles d'intérieur, moquettes, rideaux, peluches pour les enfants... ;
- utiliser des matelas et oreillers anti-acariens ;
- éviter tous les parfums d'intérieur (bougies, en aérosols, diffuseur de parfum automatique ou électrique...) ;
- ne pas sortir longtemps les jours de pics de pollution atmosphérique ;
- allaiter longtemps son enfant peut le protéger des réactions allergiques ;
Une fois les substances à l’origine des réactions allergiques connues, leur éviction est fortement recommandée. La carte d'identité de l'allergique permet aux personnes allergiques d'avoir toujours sur elles la liste des allergènes auxquels elles sont sensibles.
En cas d'allergie aux pollens, l'éviction des pneumallergènes étant difficile, il est recommandé de porter des protections à l'extérieur (chapeau, lunettes de soleil...) et de se rincer les cheveux et le visage en fin de journée. Il est possible de télécharger gratuitement l'application d'alertes polliniques du RNSA (Réseau National de Surveillance Aérobiologique) permettant de consulter les niveaux d'alertes en fonction de votre configuration personnalisée (localisation et type de pollens) .
Il est conseillé d’aller voir votre médecin traitant pour faire le point dès la suspicion d’allergie.
Comment prévenir l'allergie alimentaire chez l'enfant ?
La réponse du Docteur Edouard Sève, allergologue : "Il faut débuter la diversification alimentaire dès 4 mois et introduire le plus possible d'aliments la première année de vie (selon l'étude LEAP et les nouvelles recommandations européennes)".
Diagnostic : comment savoir si on est allergique ?
Le diagnostic est établi par le médecin allergologue qui doit réaliser plusieurs examens afin de confirmer l'allergie mais aussi l'allergène en cause :
- L'anamnèse est la première étape : le patient décrit notamment ses symptômes et évoque l'existence potentielle d'antécédents d'allergies (personnels ou familiaux).
- L'examen clinique en particulier des poumons (écoute des sifflements), des yeux (conjonctivite, eczéma sur la paupière), du nez (aspect et couleur de la muqueuse, présence de polypes, état de l’obstruction), de la peau…
- Des tests cutanés ou prick-test sont réalisés lorsque la suspicion d’allergie est confirmée par l’interrogatoire et l’examen clinique. Ces tests sont le plus souvent effectués sur la face interne de l’avant-bras (parfois dans le dos chez le nourrisson). Ils consistent à piquer l’épiderme, à l’aide d’aiguilles spéciales, au travers d’une goutte d’un extrait allergénique préalablement déposée sur la peau. Outre les allergènes à tester, le médecin dépose une goutte d’une solution « témoin négatif » (simple solution à la glycérine) et une goutte « témoin positif » (histamine et/ou codéine). Aucune réaction ne doit se produire au niveau du témoin négatif : il permet d’écarter une allergie de frottement (dermographisme). En revanche, une réaction locale doit s’observer au niveau du témoin positif : il permet de s’assurer que le patient n’est pas/plus sous l’effet des médications antiallergiques.
- Des examens sanguins peuvent aussi être complémentaires aux tests cutanés : les dosages les plus utilisés en allergologie concernent les immunoglobulines E spécifiques d’allergènes. Ces examens sanguins permettent de confirmer l’identité des allergènes détectés lors des tests cutanés. Ce dosage est également utile lorsque les tests cutanés sont impossibles.
- Des tests de provocation peuvent aussi être pratiqués en cas d'allergie alimentaire (et aussi d'allergie médicamenteuse). Ils sont réalisés par administration de l’allergène au niveau de la muqueuse respiratoire ou digestive. Ils sont impérativement pratiqués dans des structures aptes à prendre en charge des réactions allergiques graves, avec un personnel médical hautement spécialisé.
Les traitements de l'allergie
Le traitement des allergies est simple, mais difficile à suivre au quotidien : il repose sur l'éviction de l'allergène incriminé.
"Cela passe par l'évitement mais aussi par des stratégies de neutralisation de l'allergène : par exemple s'il s'agit des acariens, il faudra aérer régulièrement son intérieur, passer l'aspirateur quotidiennement et éviter les tissus d'intérieur (moquette, tapis...)", explique l'allergologue.
Mais si les symptômes deviennent très gênants et/ou que l'éviction de l'allergène est difficile (comme dans le cas d'une allergie aux pollens), il conviendra de prescrire des médicaments.
Les médicaments
"Il s'agit principalement des antihistaminiques ou encore des corticoïdes (locaux ou généraux) ", souligne le docteur Edouard Sève.
- Dans le cas d'une allergie aux pollens, les antihistaminiques sont généralement prescrits avant l'apparition des symptômes, donc en amont de la période de pollinisation, et poursuivis pendant toute sa durée. Ils sont aussi efficaces pour soulager les démangeaisons provoquées par l'eczéma ou l'urticaire.
- Les corticoïdes sont utilisés sous différentes formes dans le traitement des allergies respiratoires et cutanées et de l'asthme : pulvérisations nasales pour la rhinite allergique, crèmes ou pommades pour l'eczéma de contact, sous forme inhalée en traitement de fond de l'asthme.
Désensibiliser pour obtenir une tolérance à l'allergène
La désensibilisation (ou immunothérapie allergénique) concerne surtout les allergies aux acariens, pollens, moisissures, venin d’insectes piqueurs et parfois à la pénicilline. Elle ne s'applique pas encore aux allergies alimentaires.
Il s'agit de rééquilibrer le système immunitaire par une exposition à l’allergène, à doses progressivement augmentées (par injections ou comprimés) de manière à obtenir une tolérance de l’individu.
" Le patient doit s'auto-administrer lui-même quotidiennement les extraits allergéniques pendant environ 3 ans. Ce traitement est long mais c'est une habitude à prendre. Comme tous les médicaments il n'y a pas de garantie à 100% mais les résultats sont quand même très positifs!", estime le docteur Edouard Sève.
Le traitement est sans garantie de réussite. Il peut avoir des effets indésirables mais rarement graves (éruptions cutanées, démangeaisons).