La thyroïde, cette glande située à la base du cou, nous joue souvent des tours. Lorsque des symptômes de dysfonctionnement apparaissent, différents examens sont possibles. Parmi eux, l’échographie tient une place particulière.
C’est l’examen de référence pour évaluer la morphologie de la thyroïde. Le scanner ou l’IRM ne donnent pas de meilleurs résultats. Dre Miriam Ladsous, endocrinologue au CHU de Lille.
Quand faut-il pratiquer une échographie de la thyroïde ?
Plusieurs situations peuvent inciter un médecin à prescrire cet examen :
- Lorsqu’il a observé ou palpé une grosseur au niveau de la thyroïde. Il peut s’agir d’un nodule (une boule qui s’est formée dans la thyroïde) ou d’un goitre (une augmentation anormale du volume de la glande).
- Lorsque l’analyse de sang révèle une anomalie du bilan hormonal thyroïdien (l’hormone dosée en première intention étant la TSH ou thyroïd stimulating hormone), par exemple une hyperthyroïdie sans cause évidente.
- Lorsqu’une anomalie de la thyroïde est découverte, par hasard, à l’occasion d’un autre examen, par exemple un échodoppler des artères carotides ou un scanner du thorax. « Ces découvertes fortuites sont de plus en plus fréquentes et justifient que l’on explore la thyroïde par une échographie », observe l’endocrinologue.
L’échographie est-elle systématique en cas d’anomalie de la thyroïde ?
Non, la Haute autorité de santé l’a rappelé dans ses dernières recommandations en 2021 et 2022. Le médecin ne doit pas prescrire une échographie à l’aveuglette. « Trouver un nodule est très fréquent. Selon les études, 11 à 55 % de la population présentent un nodule thyroïdien à l’échographie. Leur fréquence augmente avec l’âge et les femmes en ont plus souvent que les hommes. Mais seuls 5 % de ces nodules sont cancéreux », rappelle l’endocrinologue.
En multipliant les échographies en dehors des indications recommandées, on risque d’aboutir à des opérations inutiles de la thyroïde avec leur lot de complications. Or, la plupart des nodules sont bénins et n’ont pas besoin d’être enlevés.
Comment se passe une échographie de la thyroïde ?
Lorsqu’elle est justifiée, l’échographie de la thyroïde ne nécessite aucune préparation particulière : pas besoin d’être à jeun. Il n’y a pas non plus d’injection de produit de contraste. « C’est un examen simple, rapide et non irradiant » précise la Dre Ladsous. Il peut être pratiqué par un radiologue ou un autre praticien (médecin ou manipulateur-radio) titulaire du diplôme universitaire d’échographie cervicale et endocrinienne.
Que montre l’échographie de la thyroïde ?
En passant la sonde d’échographie sur le cou du patient, l’opérateur visualise la thyroïde sur un écran. À partir de là, « il peut mesurer son volume, vérifier l’aspect du tissu et étudier ses rapports avec les autres organes du cou, par exemple voir si la trachée est déviée par un gros goitre. Il peut également repérer la présence éventuelle de nodules, les mesurer, les dénombrer, vérifier s’ils sont solides ou liquides », explique Miriam Ladsous.
L’échographie apporte ainsi des indices supplémentaires qui vont permettre au médecin, soit de prescrire un traitement soit de demander d’autres examens afin d’affiner son diagnostic.
L’échographie de la thyroïde peut-elle détecter un cancer ?
À elle seule, l’échographie ne suffit généralement pas à diagnostiquer un cancer de la thyroïde. Pour le faire, le médecin doit évaluer un faisceau d’arguments (par exemple, rechercher un nodule dur à la palpation, des antécédents familiaux de cancer de la thyroïde, certaines anomalies sanguines…).
Lors de l’échographie, chaque nodule détecté est décrit de façon précise et classé dans une catégorie, selon la classification Eu-Tirads, qui définit un niveau de risque. « Un nodule 100 % liquide est bénin. En revanche, il est très suspect si l’échographie montre la présence de microcalcifications ou des contours très irréguliers », explique l’endocrinologue.
En fonction de ce niveau de risque, un autre examen est parfois nécessaire, une cytoponction, afin de mieux caractériser le nodule. Elle consiste à prélever des cellules de la thyroïde, à l’aide d’une aiguille fine, avant de les analyser. « L’examen est toujours réalisé sous échographie, ce qui nous permet de bien repérer le nodule et de piquer dans la partie solide », précise la Dre Ladsous. Cette cytoponction permet de classer le nodule sur une échelle de risque plus précise. Néanmoins, quand le résultat est incertain, il peut être utile de refaire l’examen ou de pratiquer une scintigraphie (examen de la thyroïde avec injection d’un isotope radioactif) pour préciser la nature du nodule.
Que se passe-t-il après ?
En fonction du résultat, plusieurs cas de figure sont possibles.
Certains patients ne nécessitent qu’une surveillance par échographie à intervalles réguliers.
Si le nodule est cancéreux ou trop volumineux, il faut l’enlever chirurgicalement. Parfois, c’est la totalité de la glande qui est ôtée. Dans ce cas, le patient devra prendre un traitement à vie par hormones thyroïdiennes.
Pour éviter d’opérer des nodules volumineux mais bénins, une nouvelle technique commence à se développer en France : la thermo-ablation. « Elle consiste, sous contrôle échographique, à détruire le nodule par la chaleur à l’aide de la radiofréquence, du laser ou des micro-ondes », décrit la Dr Ladsous. L’idée étant, là encore, d’éviter une intervention lourde et invasive au niveau de la thyroïde.