Concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine (C.C.M.H) : c’est quoi et quelle différence avec la TCMH ?
La Concentration Corpusculaire Moyenne en Hémoglobine (CCMH), correspond à un indice globulaire, indiquant la concentration moyenne d’hémoglobine dans un globule rouge, en fonction de son volume. « Elle est calculée à partir de l’hémoglobine totale et de l’hématocrite (le volume des globules rouges par rapport au volume total du sang) » explique le Dr Mathieu Kuentz, biologiste médical au Centre Hospitalier Henri Mondor d’Aurillac
La TCMH est très proche puisqu’elle correspond à la quantité d’hémoglobine par globule rouge : c’est donc une mesure et non un calcul comme c’est le cas de la CCMH. « Ces deux valeurs sont indissociables, elles évoluent presque toujours en parallèle et sont toujours analysées ensemble » explique le biologiste médical.
La TCMH et la CCMH sont deux paramètres analysés lors d’une Numération Formule Sanguine (NFS), avec plusieurs autres données : le nombre de globules rouges (hématies) par litre de sang, la quantité d’hémoglobine dans le sang (g/dl), l’hématocrite (rapport entre le volume des globules rouges et le volume total du sang) et la VGM (taille moyenne des globules rouges).
Tous les paramètres de la NFS sont interprétés de concert pour qualifier une anémie et en comprendre la cause. Une valeur ne peut jamais être interprétée isolément. Dr Mathieu Kuents, biologiste médical.
Indications : quand faire une NFS ?
La numération formule sanguine - qui inclut donc le dosage de la TCMH et de la CCMH - est principalement effectuée lorsque l’on suspecte une anémie, c’est-à-dire d’une diminution du taux d’hémoglobine dans le sang. Les symptômes qui peuvent pousser à prescrire cet examen sanguin au patient sont : une fatigue importante, une sensation de faiblesse, des difficultés respiratoires (essoufflement à l’effort), une pâleur du visage, des difficultés de concentration ou encore des maux de tête.
Qu’est-ce que l’hématocrite et quels liens avec le CCMH ?
L’hématocrite correspond au pourcentage des globules rouges par rapport au volume de sang total. « Le sang est composé de cellules - globules rouges, globules blancs, plaquettes - et de plasma. Quand on centrifuge un tube de prélèvement sanguin, on observe trois couches : les globules rouges qui se déposent tout au fond, puis une couche de cellules leucoplaquettaires et enfin le plasma surnageant », détaille le biologiste.
L’hématocrite correspond donc au pourcentage de la couche de globules rouges du fond par rapport au volume total du sang. L’hématocrite est directement lié au CCMH, puisqu’il est utilisé pour son calcul, selon la formule suivante : CCMH = Hémoglobine (g/dL) / Hématocrite (%) × 100
Autrement dit, le CCMH dépend directement de l’hématocrite et de l’hémoglobine.
Bilan sanguin : quelles sont les normes de CCMH ?
Les valeurs normales de CCMH sont situées entre 32 et 36 g/dL (grammes par décilitre), ce qui signifie que l’hémoglobine représente normalement environ 32 à 36 % du volume des globules rouges.
Analyse de sang : quel taux CCMH trop bas est alarmant et quelles causes possibles ?
Il est important de comprendre que la CCMH, comme la TCMH, ne sont jamais les valeurs que l’on regarde en premier dans les résultats d’une NFS.
C'est la mesure du taux d'hémoglobine qui va tout d'abord déterminer si le patient présente une anémie ou non. La CCMH, ainsi que les autres paramètres, vont ensuite donner des indications sur le type d'anémie et son étiologie. Dr Mathieu Kuentz
Les résultats de l’analyse doivent également être évalués en fonction de différents facteurs, tels que l’âge, le sexe, et l’état de santé du patient.
Quand la CCMH est-elle trop basse ?
Un taux de CCMH est trop bas lorsqu’il est inférieur à 32 g/dl, mais c’est en dessous de 30 g/dL qu’il est vraiment problématique. Une CCMH abaissée est en faveur d’une anémie dite hypochrome, ce qui signifie que les globules rouges ne sont pas suffisamment remplis en hémoglobine. La principale cause est la carence en fer - ou anémie ferriprive.
« Cette CCMH basse est souvent associée à une VGM basse. Hormis une carence martiale (carence en fer), cela peut être le signe d’une pathologie de l’hémoglobine, comme une drépanocytose ou une thalassémie », ajoute le spécialiste.
Enfin, il peut arriver que le taux d’hémoglobine soit normal, mais que la CCMH et la TCMH soient trop basses : ça peut être alors un signe prédictif d’une carence en Fer.
La CCMH et la TCMH diminuent de façon précoce : ils baissent avant le VGM et avant le taux d'hémoglobine. Quand ils sont abaissés et que les deux autres valeurs sont normales, on suspecte une carence en fer et on prescrit donc un dosage de ferritine. Dr Kuentz.
CCMH haute : quelles raisons ?
Il est en pratique très rare d’observer une CCMH trop élevée. « L’hyperchromie (globules rouges trop riches en hémoglobine) n’existe pas physiologiquement. Lorsque la CCMH est au-dessus des normes, c’est souvent : soit une erreur de mesure, soit une déshydratation importante, ce qui peut arriver quand la prise de sang est faite le matin à jeun si le patient n’a pas bu depuis une dizaine d’heures, soit dans le cadre de très forte hyperglycémie » explique le Dr Kuentz.
Néanmoins, une CCMH haute, peut être un appel à faire d’autres recherches afin de diagnostiquer de potentielles maladies. « Lorsqu’elle est associée à un nombre de globules rouges trop élevés (polyglobulie), à des réticulocytes augmentés et à un VGM bas, une CCMH élevée peut être retrouvée dans une maladie héréditaire appelée sphérocytose », ajoute l’expert. Cette maladie est causée par une anomalie de la membrane des globules rouges, qui les rend plus fragiles. Son traitement repose sur une supplémentation en folates dans les formes modérées et sévères, à laquelle peuvent s’ajouter des injections d’EPO voire des transfusions de concentrés érythrocytaires selon les besoins.