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Cortisol : tout savoir sur l'hormone du stress

Cortisol : tout savoir sur l'hormone du stress © AaronAmat

Publié par Lise Lafaurie et Jasmine Saunier  |  Mis à jour le

En collaboration avec Dre Emmanuelle Lecornet-Sokol (Endocrinologue)

Surnommée l’hormone du stress, le cortisol est une hormone stéroïde directement impliquée dans de nombreuses fonctions essentielles du corps humain. Un excès ou une insuffisance de production sont donc susceptibles de perturber le bon fonctionnement de l’organisme. D’où vient le cortisol ? Quel est son rôle ? Comment le mesurer ? Les réponses de la Dre Emmanuelle Lecornet-Sokol, médecin endocrinologue et co-auteure du livre « Et si c’était hormonal ? » aux éditions Marabout.

Qu’est-ce que le cortisol ?

Le cortisol est une hormone, à savoir un messager secrété par une glande et qui circule dans le corps par voie sanguine pour transmettre des messages à différents organes. C’est une hormone dite stéroïde, ce qui signifie qu’elle est synthétisée à partir de cholestérol.

Dre Lecornet-Sokol, endocrinologue : Le cortisol est secrété par les glandes surrénales, situées au-dessus des reins, qui ont la particularité de fabriquer plusieurs hormones importantes dans diverses fonctions de l'organisme, dont les hormones liées au stress.

Les glandes surrénales sont en effet constituées de deux couches :

  • la couche externe appelée corticosurrénale qui secrète entre autres le cortisol,
  • et la couche interne appelée médullosurrénale, qui synthétise l’adrénaline et la noradrénaline.

Quand ces deux dernières sont les hormones de la réactivité, synthétisées en premier en cas de stress aiguë, le cortisol n’est quant à lui produit dans un second temps en cas de stress aigu ou bien de manière prolongée si le stress devient chronique ou si une anxiété perdure.
 
Le cortisol est l’hormone du stress mais aussi de l’énergie. Il est secrété de façon cyclique dans la journée : en grande quantité le matin au réveil lorsque l’on a besoin d’énergie — ancestralement pour chasser, cueillir, pêcher — puis de moins en moins au cours de la journée et quasiment plus la nuit. « C’est ce qu’on appelle le rythme nycthéméral de la sécrétion de cortisol », résume l’endocrinologue.

Quels sont les effets du cortisol sur le corps ?

La sécrétion de cortisol par les surrénales se fait par le biais d’une cascade d’hormones.

  • Elle est tout d’abord initiée par l’hypothalamus qui, en situation de stress physique ou psychologique, secrète une hormone appelée CRH (Corticotropin-Releasing hormone).
  • En réaction, une autre glande située à la base du cerveau et appelée hypophyse, va secréter à son tour une hormone appelée ACTH (hormone adrénocorticotrope), qui provoque une libération de cortisol en agissant sur un récepteur des corticosurrénales.

« C’est un système de rétro-contrôle puisque le système s’adapte en fonction des besoins du corps : en cas d’excès de production de cortisol, l’ACTH va baisser. En cas de stress important : le CRH augmente, c’est la réponse au stress », résume la Dre Lecornet-Sokol.

Le principal rôle du cortisol est de nous donner de l'énergie en situation de pic de stress, afin de nous permettre de fuir, de nous battre ou de lutter.

« Pour cela, le cortisol a une action sur le métabolisme principalement du glucose, mais aussi des graisses », détaille l’endocrinologue. Il stimule ainsi la production de sucre par le foie, afin de fournir de l’énergie immédiate au corps, et augmente la dégradation des lipides pour les rendre disponibles.

L’hormone du stress chronique a aussi un effet sur le calcium : elle inhibe l’activité ostéoblastique, ce qui signifie qu’elle rend le calcium de l’os disponible pour faire fonctionner nos cellules. « C’est également une fonction catabolique d’utilisation des ressources énergétiques », poursuit la Dre Lecornet-Sokol.

Le cortisol a encore d’autres actions :

  • il régule la fonction musculaire et la tension artérielle, et augmente la vigilance.
  • « Le cortisol peut enfin avoir une action sur l’humeur : un excès modéré améliore l’humeur, une insuffisance d’apport l’affecte, et un excès important rend nerveux et irrité », résume la spécialiste.

Quel est le taux de cortisol normal en fonction du cycle journalier ?

La sécrétion de cortisol, et par conséquent son taux dans notre organisme, varie tout au long de la journée, en suivant le fameux rythme nycthéméral. Le dosage du cortisol doit donc être replacé dans un contexte horaire pour pouvoir être analysé correctement. « Les normes du laboratoire affichées dans le bilan du dosage ne tiennent pas toujours compte de l’horaire du prélèvement », insiste l’endocrinologue. Les résultats dépendent également du contexte : ils seront par exemple différents si l’on a fait un peu d’exercice physique, si l’on vient tout juste de se lever, ou encore si on prend la pilule. Avoir des valeurs trop élevées ne signifie donc pas nécessairement que l’on fabrique trop de cortisol.

Les valeurs théoriques normales sont :

  • le matin vers 8 heures : entre 275 et 685 nmol/l,
  • en milieu de journée vers midi : entre 190 et 468 nmol/l,
  • en milieu d’après-midi à 16h : entre 165 et 300 nmol/l,
  • en soirée vers 20h : entre 110 et 250 nmol/L
  • et enfin dans la nuit : entre 55 et 190 nmol/l.

Cortisol élevé : quelles peuvent être les causes d’une augmentation de cortisol ?

Il y a des situations physiologiques qui provoquent une augmentation du cortisol sanguin, sans qu’il n’y ait de pathologie des surrénales.

  • Les personnes qui travaillent de nuit, ont un cycle nycthéméral perturbé à cause de leur rythme de vie. Ils présentent généralement un taux de cortisol trop élevé en journée, ce qui leur occasionne des troubles du sommeil.
  • Le stress important, la grande anxiété ou la dépression, peuvent provoquer de grands excès de cortisol le matin.
  • Une consommation d’alcool trop importante.
  • Une consommation de café trop importante.
  • Le surpoids, ou les troubles du comportement alimentaire tels que l’anorexie mentale.

Un excès en cortisol peut également indiquer un syndrome de Cushing. Il se traduit par une prise de poids très importante, surtout au niveau du ventre et du visage. Il peut provenir d’un problème au niveau des glandes surrénales, ou d’une tumeur cérébrale.

Dosage : comment mesurer le cortisol ?

Il existe plusieurs moyens de mesurer le taux de cortisol afin de vérifier qu’il n’existe pas de dysfonctionnement des surrénales. « D’une manière générale, lorsque l’on suspecte une insuffisance de cortisol, on pratique un dosage sanguin le matin, au moment du pic de sécrétion », explique la Dre Lecornet-Sokol. C’est lorsque l’on veut diagnostiquer un éventuel excès de production, que les choses sont plus délicates. « Il faudrait théoriquement faire une analyse le soir voire la nuit, mais les laboratoires sont fermés », poursuit la spécialiste. Deux examens peuvent alors être proposés : l’analyse des urines des 24 dernières heures ou le freinage minute, qui consiste à voir s’il est possible ou non de bloquer les surrénales.

Prise de sang

Le dosage classique du cortisol se fait par prélèvement sanguin, effectué dans le pli du coude par le personnel médical. Le plus souvent, l’ACTH est mesurée en même temps que le cortisol, afin de détecter un éventuel dysfonctionnement de l’hypophyse. Le patient doit être reposé au moment du prélèvement, le stress et l’effort physique doivent être au maximum évités, afin de ne pas faire monter le taux de cortisol.

Cortisol libre urinaire 24h comment faire ?

Le dosage du cortisol libre urinaire permet de détecter une hypersécrétion du cortisol par les surrénales. Pour ce dosage, il convient de recueillir les urines dans un flacon prévu à cet effet, sur une période 24 heures. Le récipient doit être conservé au frais entre chaque recueil. Les résultats du dosage permettent d’évaluer la quantité totale de cortisol produite dans la journée, et donc de mettre en évidence une éventuelle hypersécrétion de cortisol, caractéristique du syndrome de Cushing.

Comment faire baisser le taux de cortisol ?

Excepté dans le cas d’une maladie de Cushing, caractérisée par une hypersécrétion de cortisol, il n’y a aucune raison de faire baisser son taux de cortisol.

Dre Lecornet-Sokol : Les gens prennent souvent le problème à l'envers, et pensent que c'est l'excès de cortisol qui provoque le stress, mais c'est l'inverse. Faire baisser son taux de cortisol ne prémunit donc pas d'une période de stress ou d'une anxiété chronique.

Faire baisser son taux de cortisol fait maigrir, vrai ou faux ?

Faux. Une élévation du cortisol produit une sensation de faim, destinée à reconstituer ses réserves après un épisode de stress. C’est une des raisons pour lesquelles il peut faire grossir. Mais cela ne veut pas dire que supprimer le stress provoquera immanquablement une perte de poids. De nombreux autres facteurs entrent en jeu, comme les habitudes alimentaires ou l’activité physique.

Mieux gérer son stress

La question à se poser est donc plutôt : comment éviter de sécréter trop de cortisol ? Et la principale solution consiste donc à gérer son stress. "Il existe de nombreuses façons naturelles pour réduire le stress et l’anxiété.

  • L’activité physique, pratiquée le matin, réduit le cortisol et augmente la sécrétion de mélatonine au moment de dormir le soir.
  • Le yoga et la méditation font partie des techniques les plus étudiées. Des travaux de l’Université de Californie du Sud ont par exemple montré qu’une pratique quotidienne améliorait le taux de cortisol sanguin. Les bénéfices ont été mesurés au bout de 3 mois.
  • Des exercices alliant pleine conscience et respiration agissent également sur le taux de cortisol, même s’ils ne sont pratiqués que 2 fois par semaine. Des respirations profondes, comme celle de la cohérence cardiaque, ont même un effet dès 5 minutes de pratique.
  • Une bonne hygiène de vie, avec notamment une alimentation équilibrée, riche en aliments complets et pauvres en aliments affinés ou hypertransformés, contribue aussi à limiter les pics de sécrétion de cortisol.
  • Au quotidien, entretenir de bonnes relations sociales et familiales est également essentiel pour être apaisé et moins stressé.
  • Enfin, prendre soin de son sommeil, ne pas se coucher trop tard et avoir en moyenne 7 à 8 heures de sommeil par nuit, est primordial pour une bonne régulation de ses hormones du stress.

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