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Tout savoir sur le point P, l'orgasme prostatique

Tout savoir sur le point P, l'orgasme prostatique © iStock

Publié par Daisy Le Corre et Manon Duran  |  Mis à jour le par Mathilde Pujol

On parle souvent du « point G » pour les femmes, mais beaucoup du « point P » pour les hommes. Jean-Claude Piquard, sexologue clinicien à l’origine de l’enquête « Au cœur de l’orgasme », a répondu à toutes les questions et idées reçues que l’on peut avoir sur le point P. Comment avoir un orgasme prostatique ? Avec ou sans lubrifiant ? Avec ou sans Billy, le sextoy masseur prostatique ?

La prostate est une petite glande de l’appareil génital masculin. Si elle permet principalement d’évacuer l’urine et le sperme, elle peut également être une voie d’accès au plaisir sexuel et notamment à une forme d’orgasme masculin moins connue que l’orgasme éjaculatoire : l’orgasme prostatique.

Qu’est-ce que le point P ? Pourquoi la prostate est érogène ?

« La prostate de l’homme est sous la vessie, autour de l’urètre. On y accède uniquement par voie anale. La prostate est une zone érogène, parfois nommée point P, sa stimulation avec un doigt, le pénis ou un sextoy, procure un plaisir, variable pour chaque individu, mais qui est souvent étroitement lié à la situation érotique (par exemple, un toucher prostatique médical, non érotique, reste insensible) », indique Jean-Claude Piquard, sexologue clinicien.

« Un homme témoigne que c’est toujours étonnant de se voir éjaculer sans aucune stimulation de la verge. Cette pratique est couramment utilisée en milieu médical chez les tétraplégiques qui ont le pénis insensible, pour obtenir du sperme en vue d’une procréation ultérieure ».

Orgasme prostatique : quelle sensation ?

« L’orgasme par voie prostatique est perçu différemment en fonction des hommes : certains aiment beaucoup, d’autres moyennement, d’autres pas du tout. Et cela peut changer dans le temps, voire selon les partenaires. La zone anale et l’anus sont aussi très sensibles, et des hommes l’investissent comme zone érogène, d’autres non. Il n’y a pas de normalité, nous sommes différents, c’est la diversité humaine », répond le sexologue.

Point P : est-ce l’équivalent du point G chez la femme ?

« Bien que nous n’ayons pas de certitude scientifique, nous avons des éléments favorables : la prostate féminine est reconnue par la Ficat (fédération internationale d’anatomie). Chez presque toutes les femmes, le taux de PSA (marqueur de la prostate) augmente nettement dans l’urètre après l’orgasme », explique Jean-Claude Piquard.

Comment trouver la prostate ?

« Pour plus de la moitié des femmes, la prostate féminine se situe autour de l’urètre en partie basse, près du méat urinaire. Dans cette configuration, la prostate féminine est stimulable à l’entrée du vagin, c’est le point G qui peut apporter un grand plaisir. Mais pour près de 40 % des femmes (chiffre discutable), la prostate est soit en partie haute, vers la vessie, soit trop petite pour être fonctionnelle. Dans cette configuration, la stimulation du point G apporte peu de plaisir, voire aucun ».

Comment stimuler la prostate pour avoir un orgasme prostatique ?

« La prostate est une structure interne, non protégée par un épiderme, donc fragile. Sa stimulation doit être douce : attention aux ongles contendants ! En introduisant un doigt aux deux tiers environ dans l’anus, on perçoit une petite boule sur la partie antérieure du rectum », recommande le sexologue.

Le massage de la prostate pour la stimulation du point P

« Le massage de la prostate, léger au début puis un peu rapide tout en restant doux, peut entraîner une érection puis une éjaculation avec orgasme. L’orgasme prostatique, lui, est très variable selon les individus. Il me semble que, pour les hétéros, c’est plutôt une expérience amusante, une diversité. Nombreux sont ceux qui témoignent que l’orgasme prostatique est plutôt moins intense que l’orgasme avec stimulation du pénis. Pour certains homos, lors de la sodomie, le plaisir anal conjugué avec l’orgasme prostatique est l’apogée du plaisir », explique-t-il.

Pourquoi aujourd’hui encore la sexualité anale dégoûte parfois ?

« Difficile de répondre, il existe peu d’études sur ce sujet. De plus en plus de femmes et d’hommes s’essaient à la sodomie. Certains préfèrent même la sodomie à la pénétration vaginale ! Contrairement au message parfois véhiculé par le porno, la sodomie n’est pas pour tous et toutes, et il faut respecter cela ».

Pourquoi parle-t-on peu du point P ? Le plaisir anal chez l’homme est-il encore tabou ?

« Sous la forte influence des natalistes (argument avancé dans mon livre La fabuleuse histoire du clitoris), seule la pénétration vaginale était admise car reproductive. Les autres pratiques, comme la masturbation réciproque, la sodomie, étaient employées en tant que moyens de contraception donc réprimées par les natalistes. Le fait que l’anus soit le sphincter des fèces (matières fécales) peut générer des réticences de nature hygiénique. On ne connaît pas le pourcentage d’hommes qui apprécient vraiment. S’il est faible, ce pourrait être une explication ».

Comment expliquer qu’il y ait encore autant de peur autour du point P ?

« Il y a probablement une part psychologique : peur hygiénique, faible investissement érotique, etc. Mais il y a aussi probablement des raisons physiologiques : pour de nombreuses femmes, la sodomie est douloureuse, par exemple de nombreuses actrices du porno utilisent des crèmes anesthésiantes lors des tournages des scènes avec sodomie ! Y aurait-il une variation physiologique dans la capacité de dilatation de l’anus ? Dans la capacité à se décontracter ? Des anus plus innervés que d’autres ? », s'interroge Jean-Claude Piquard.

La présence d’hémorroïdes est-elle une source de douleur ?

« Nous avons peu de réponses », répond le spécialiste. « Il y a probablement aussi un savoir-faire favorable insuffisamment connu : la sodomie requiert une bonne lubrification, par exemple avec l’anulingus, et surtout une première pénétration très lente, jusqu’à une minute, afin de ne pas activer le réflexe de protection, c’est-à-dire la constriction, source de douleurs.

Si, lors de la première pénétration anale, le plaisir est présent mais une petite douleur gêne, faire quelques mouvements très lents puis ressortir. Après lubrification, la seconde pénétration est souvent mieux tolérée, voire appréciée, car les douleurs ont fait place au plaisir ».

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