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Biofeedback : c'est quoi ? Comment en faire ?

biofeedback © mgstudyo

Publié par Cathie Moraud  |  Mis à jour le

En collaboration avec Emmanuel Renauld-Dehlinger (Président de l’Association pour la diffusion du neurofeedback en France)

Le biofeedback est une thérapie qui étudie les émotions et les pensées ayant un impact sur notre santé. Une technique notamment recommandée dans le traitement de la migraine, mais aussi en cas d’insomnie, de rééducation périnéale… Comment se déroule une séance de biofeedback ? Quelle efficacité ? Réponses.

On l’appelle aussi la biorétroaction, la rétroaction biologique, ou le rétrocontrôle. Le biofeedback est né dans les années 1960-1970 aux États-Unis avec la création de la Biofeedback Society of America.

Qu’est-ce que le biofeedback ? Quelle est l’origine ?

Composé des termes « bio » pour « biologie » et de « feedback » pour « retour », le biofeedback désigne à la fois la science qui étudie l’interaction entre le corps et l’esprit et une thérapie s’appuyant sur cette science.

Autrement dit, le biofeedback est une discipline qui permet d’avoir un retour d’information sur une fonction biologique de notre corps normalement inconsciente. Suite à un entraînement, les personnes parviendraient à se servir de ces informations pour contrôler volontairement cette fonction du corps.

En France, cette discipline est encore marginale et ne fait pas l’objet de réglementation. En revanche, elle est recommandée par la Haute Autorité de santé pour certaines maladies ou troubles, notamment la migraine.

Quel est le principe du biofeedback ?

Le biofeedback part du principe que les émotions et les pensées ont un impact sur les fonctions de notre organisme. Grâce à l’étude et à la compréhension des interactions qui existent entre le corps et l’esprit, le patient pourrait moduler volontairement certaines de ses fonctions physiologiques ou influencer durablement son comportement. Il reprendrait ainsi le contrôle de son corps, ce qui pourrait prévenir ou traiter un ensemble de problèmes de santé en complément des médicaments, voire sans leur aide.

Biofeedback ou neurofeedback : quelle différence ?

En France, le neurofeedback (ou biofeedback EEG) est une branche beaucoup plus connue que le biofeedback. On utilise uniquement les informations issues de l’enregistrement de l’activité électrique du cerveau, mais les applications thérapeutiques restent les mêmes que pour le biofeedback.

Comment utiliser le biofeedback pour sa santé ?

La Haute Autorité de santé (HAS) recommande le biofeedback pour certaines indications, souvent en complément d’un traitement de fond, et sans en établir de liste exhaustive.

Migraine, stress, constipation, fibromyalgie, rééducation anale, du périnée…

Quant au neurofeedback, même si une amélioration modérée des symptômes du trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) a été constatée, son bénéfice à long terme n’a pas encore été démontré (source 3).

Du biofeedback associé à des exercices de kiné

Le biofeedback est également recommandé dans le traitement de la fibromyalgie : il est associé à des exercices intensifs de kinésithérapie, ce qui aurait des effets bénéfiques sur les capacités physiques et le bien-être global des patients. Il contribuerait notamment à réduire leur douleur et leur trouble dépressif.

Comment fonctionne le biofeedback ?

Le biofeedback s’inscrit généralement dans le cadre d’un traitement plus global, par exemple une thérapie comportementale ou une rééducation. Il est d’ailleurs souvent associé à d’autres exercices de kinésithérapie ou de relaxation.

Un appareil de biofeedback pour mesurer vos fonctions psychophysiologiques

Il se pratique dans un lieu calme et reposant où le patient peut s’asseoir ou s’allonger confortablement. Le praticien place des capteurs (électrodes) à différents endroits stratégiques du corps selon les troubles à traiter. Ces capteurs servent à acquérir plusieurs informations psychophysiologiques :

  • EMG : détermine le niveau d’activité du muscle ;
  • EDG : analyse la conductivité de l’épiderme ;
  • ECG : évalue le potentiel électrique de l’activité musculaire du cœur ;
  • HRV : mesure la variation de la fréquence cardiaque ;
  • EEG : enregistre l’activité électrique du cerveau dans les deux hémisphères ou bien dans les parties frontale et occipitale. Ces informations sont au cœur de la pratique du neurofeedback.

Le but de ces examens est d’obtenir une représentation de l’état psychophysiologique du patient. Le praticien dispose ainsi d’une base pour commencer les différents exercices avec le patient.

Dans la pratique du biofeedback, le praticien peut choisir de laisser son patient découvrir par lui-même les démarches à suivre pour réussir. Ce dernier apprend alors progressivement à maîtriser ses réactions physiologiques en fonction de ses échecs et de ses réussites. Par exemple, il pourra agir seul sur la contraction d’un muscle en vérifiant les effets obtenus grâce à l’appareil de biofeedback.

Le praticien peut aussi être plus interventionniste et indiquer clairement la démarche à suivre, notamment pour mieux gérer son stress et acquérir des solutions de relaxation. L’évolution du patient est généralement plus rapide avec un accompagnement.

Quelles contre-indications à la pratique du biofeedback ?

L’utilisation du biofeedback est déconseillée chez les personnes utilisant des dispositifs bioélectriques implantés, chez les femmes enceintes, les épileptiques et les personnes souffrant de troubles mentaux. Ces contre-indications ne s’appliquent pas pour le biofeedback EEG (neurofeedback).

Comment se déroule une séance de biofeedback ?

Une séance de biofeedback dure en moyenne 60 minutes. Avant toute séance de biofeedback, le praticien procède à l’anamnèse (interrogatoire préliminaire) pour connaître le ou les problèmes à résoudre, répondre aux questions du patient sur la pratique et définir les objectifs thérapeutiques à atteindre.

Le premier rendez-vous permet d’établir une ligne directrice. Le praticien effectue une série d’examens pour déterminer l’état psychophysiologique du patient. Cette première analyse se fait sans feedback, c’est-à-dire que les résultats ne sont pas communiqués au patient afin de ne pas l’influencer. Cette analyse neutre est la base de la thérapie pour les séances à venir.

Le praticien propose différents exercices musculaires, respiratoires et mentaux (suggestions de situation), mais un seul feedback est renvoyé au patient. Il est en effet très difficile de lui demander de contrôler plusieurs paramètres en même temps. Au fil des séances, le niveau de difficulté augmente. L’appareillage est initialement réglé sur une sensibilité élevée, ce qui demande un moindre effort au patient. Peu à peu, la sensibilité diminue, et le patient doit se concentrer davantage pour obtenir des résultats significatifs.

À la fin de la thérapie, les résultats de la première et de la dernière séance sont comparés. La personne doit être capable de refaire en situation de crise les mêmes exercices sans soutien de l’appareillage ou du thérapeute.

Combien de séances sont nécessaires ?

Au fur et à mesure des séances, le praticien notera les évolutions du patient jusqu’à la comparaison finale entre les premières données et les dernières. À la fin de cette thérapie, le patient doit être capable d’agir sur son propre organisme sans l’aide des appareils de contrôle. En général, dix à vingt séances de biofeedback sont nécessaires pour parvenir à l’autonomie.

Comment choisir son thérapeute biofeedback ?

Malgré de nombreuses tentatives pour faire connaître le biofeedback en France, la discipline reste encore assez confidentielle en France : on connaît surtout le neurofeedback, l’une des techniques utilisées en biofeedback pour analyser l’activité cérébrale et neuronale du patient.

Il n’existe aucune formation reconnue officiellement par l’État. Certains praticiens se forment sur des appareils très simples d’utilisation par l’intermédiaire des vendeurs. Une formation au biofeedback est proposée par Internet auprès de la Biofeedback Foundation of Europe. Afin de se prémunir contre les dérives sectaires souvent liées aux activités de bien-être, il est essentiel de pratiquer les séances auprès d’un médecin spécialisé, d’un psychologue spécialisé ou à l’hôpital.

Il n’existe pas de liste de praticiens français du biofeedback, mais il existe un annuaire pour les praticiens utilisant le NeurOptimal, une méthode de neurofeedback dynamique dont l’efficacité est toutefois encore peu documentée.

Comment être sûr que mon praticien est sérieux ?

Pour s’assurer que vous avez affaire à un professionnel du biofeedback, assurez-vous que l’appareil :

  • N’utilise ni stimulation électrique ni stimulation magnétique ;
  • Ne sert pas à visualiser les chakras ou le magnétisme animal ;
  • Ne peut en aucun cas servir à réaliser un bilan de santé médical ;
  • Ne prédit pas vos futures maladies, vos futurs états psychiques ou physiques ;
  • Nécessite une participation active de votre part sur une longue durée (apprentissage et entraînement sur dix à vingt séances environ).

Par ailleurs, il doit nécessairement y avoir un retour d’information, une prise de conscience et une nouvelle action pour que ce soit du biofeedback.

Combien coûte une séance de biofeedback ?

Le prix de la séance varie de 40 à 100 euros, non remboursable par la Sécurité sociale. Certaines assurances complémentaires privées peuvent couvrir une partie du coût du traitement. Dans le cas de séances de neurofeedback, certaines associations proposent des aides aux parents d’enfants handicapés.

Ressources sur le biofeedback

Livres sur le biofeedback

- La fabrique de la pensée, comment se forment et se déforment nos pensées quotidiennes, Yves Assouline, éd. Ellipses marketing : pour comprendre l’enjeu des neurosciences sur les pensées et les émotions ;
- Se contrôler par le biofeedback, Paultre Ligondé, éd. de l’Homme : pour comprendre la pratique du biofeedback et ses bienfaits sur la vie au quotidien ;
- Biofeedback, principes et applications, Antoine Rémond, Anne Rémond, éd. Masson : un pour connaître tout du biofeedback, des techniques aux domaines d’applications ;
-Le neurofeedback dynamique, Corinne Fournier et Pierre Bohn, éd. Dangles : pour découvrir et comprendre le neurofeedback thérapeutique tel qu’il est majoritairement pratiqué en France.

Sites internet consacrés au biofeedback

- Le site de l’Association pour la diffusion du neurofeedback en France
- Le site Biofeedback Federation of Europe (en anglais)
- Les deux sites d’informations de Jean-Loup Drouet : Biofeedback et Biofeedback-relaxologie.

Sources
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