L’opération s’est déroulée à l’Hôpital européen Georges-Pompidou (Assistance publique – hôpitaux de Paris), réalisé par le Pr Christian Latrémouille et le Pr Daniel Duveau (CHU de Nantes). Selon l’AP-HP, Le patient, qui souffrait depuis des années d’une insuffisance cardiaque ayant atteint un stade terminal, est actuellement sous surveillance en réanimation, réveillé et dialoguant avec sa famille.
C’est un immense espoir quand le cœur est trop abîmé pour fonctionner seul. Suite à un infarctus ou une maladie du muscle cardiaque, près de 800 personnes, en France, sont en attente d’un greffon. Or faute de pénurie d’organe, moins de 400 opérations sont réalisées chaque année. C’est à ces insuffisants cardiaques au stade terminal que s’adresse le cœur artificiel.
Plus proche d’un vrai cœur
La prothèse est légère, autonome et durable. Elle a été mise au point au sein de la start-up Carmat par le groupe EADS (ex Matra), leader européen en aéronautique et le Pr Alain Carpentier, chirurgien cardiaque à l'hôpital européen Georges Pompidou de Paris. Dans les années 70, ce spécialiste a eu l’idée, le premier, de fabriquer des valves cardiaques avec des matériaux d’origine animale et traités chimiquement pour éviter les rejets. Ce type de matériau diminue considérablement le risque de faire des caillots sanguins.
Afin de s’intégrer au mieux dans la cage thoracique, sa forme a été « façonnée » d’après de nombreux scanners et simulation sur ordinateur pour se rapprocher des caractéristiques d’un cœur normal. Chacun des deux ventricules est activé par une pompe pour se contracter environ 70 fois par minute, le rythme physiologique du cœur, et éjecter le sang dans les artères. Sensibles aux changements de pression à l’intérieur des ventricules, des capteurs électroniques permettent de moduler le rythme cardiaque : la prothèse s’adapterait, comme un vrai coeur, à l'effort physique et le malade pourrait mener une vie quasi normale.
Un immense espoir
Pesant 900 grammes contre 300 grammes pour le cœur naturel, il reste lourd et encombrant pour des thorax étroits. Il faut ajouter 1,5 kg de batteries externes, portées en bretelle ou dans un petit sac à dos et reliées au cœur par un fil électrique externe.
Il est réservé en priorité aux insuffisants cardiaques avancés chroniques c’est-à-dire condamnés à rester alités, et aigus, plongés en situation d’urgence après un grave infarctus. Quant au prix de cette prothèse, il oscille entre 120 et 160 000 euros. « Pas plus qu'une transplantation d'organe qui nécessite plusieurs hospitalisations », tempérait le Pr Carpentier.
Le fonctionnement du cœur artificiel Carmat
Ce système complet, portable et facile d’utilisation, a pour but d’offrir au malade une bonne qualité de vie.
1-Le cœur artificiel
Il reproduit les deux ventricules du cœur humain. Le ventricule droit envoie le sang vers les poumons pour qu’il se charge en oxygène. Le ventricule gauche propulse le sang riche en oxygène vers tout l’organisme (via l’aorte). La prothèse, assimilable à une sphère 12 cm de diamètre, est implantée dans le thorax/la poitrine.
2-À l’intérieur du cœur
Deux motopompes miniatures actionnent un liquide hydraulique afin de propulser le sang selon les mêmes mouvements qu’un vrai cœur.
3-Une prise derrière l’oreille
Elle permet au système électrique de traverser la barrière de la peau tout en réduisant le risque d’infection.
4-Deux câbles électriques
L’électricité est transmise au cœur artificiel via deux câbles. Un câble interne au patient part de la prothèse. Un câble externe part des batteries. Tous deux sont branchés à la prise derrière l’oreille.
5-Des batteries rechargeables
Portées sous les épaules ou dans un petit sac, elles fournissent de l’électricité au cœur artificiel.
6-Un système de contrôle
Ce boîtier de surveillance régule la vitesse et la puissance des pompes, contrôle la pression artérielle et envoie des données à distance. il est relié 24h/24 à un hôpital.