Annegret Raunigk, une Allemande de 65 ans, mère de treize enfants et sept fois grand-mère, a fait couler beaucoup d’encre depuis l’annonce de sa nouvelle grossesse. Après plus d’un an et demi de tentatives d’insémination artificielle à l’étranger, elle est enceinte de quadruplés.
"Je n'ai pas peur. Je pars du principe que je reste en bonne santé et en forme", assure-t-elle à RTL. Sa grossesse est suivie par plusieurs médecins qui font tout leur possible pour éviter un accouchement prématuré. Pourtant, son cas laisse perplexe de nombreux spécialistes.
Une question d’éthique
"À cet âge-là, les risques sont inchiffrables mais ils sont surtout presque imparables malgré une surveillance intensive, sauf à interrompre prématurément la grossesse. Quelle motivation peut pousser un professionnel de santé à réaliser cela ? Je n’en vois qu’une : l’argent. L’éthique médicale ne les a pas gênés", s’indigne le gynécologue-obstétricien Jean-Luc Pouly, interviewé par Le Plus de l’Obs.
Outre les problèmes d’éthique, cette grossesse interpelle au vu des risques liés à la fois à l’âge de la future mère et à son caractère multi-gémellaire. A partir de 45 ans, chaque grossesse est considérée comme tardive et particulièrement dangereuse pour la mère et pour l’enfant à naître. Les chiffres le prouvent : les hémorragies au cours de l’accouchement et les fausses couches sont nettement plus élevées.
"Chez les femmes de plus de 50 ans, le taux d’hospitalisation pendant grossesse est de 63% contre 22% pour les femmes de moins de 50 ans, la proportion d’enfant de petit poids est de 61% contre 32% et les risques d'accouchement prématuré sont également plus élevés", indique le docteur Joelle Belaisch Allart, présidente de la Société française de gynécologie.
L’attitude positive est-elle suffisante ?
La prématurité sévère pourrait entraîner un handicap grave chez les enfants. Troubles moteurs, infirmité motrice cérébrale, troubles du développement cognitif avec des problèmes au niveau des fonctions cérébrales supérieures, troubles sensoriels de l’audition et de la vision… la liste est longue, rappelle l’Inserm.
"D'autres risques sont encourus dont celui d'être plus ou moins rapidement orphelin. On admet actuellement en France que l'espérance de vie sans incapacité d'une femme est de l'ordre de 75 ans, si la grossesse est obtenue au-delà de 50 ans, les risques d'être orphelin avant l'adolescence doivent être pris en compte", conclut Joelle Belaisch Allart.
Le gynécologue en charge du suivi d’Annegret Raunigk a déclaré au quotidien britannique The Guardian, tout en critiquant le geste des médecins ayant rendu possible cette grossesse, que l’attitude positive de sa patiente va sûrement contribuer à donner de bons résultats. Mais le moral est-il suffisant pour écarter tous ces risques ? La réponse dans quelques mois…