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Opioïdes : de nouvelles recommandations pour limiter les risques d'addiction

Opioïdes © iStock / Rattankun Thongbun

Publié le par Manon Duran

La Haute Autorité de santé (HAS) vient de publier de nouvelles recommandations pour éviter la banalisation des opioïdes. Utilisés contre la douleur, ces médicaments peuvent entraîner une addiction sévère et mener au décès.

"Utiles pour soulager les douleurs, tous les opioïdes antalgiques peuvent cependant induire une dépendance physique élevée et faire l’objet de troubles de l’usage - avec des conséquences importantes pouvant aller jusqu’à la surdose, voire au décès par arrêt respiratoire", insiste la Haute Autorité de santé (HAS). 

Elle vient de publier de premières recommandations à destination des professionnels de santé, pour une "juste prescription" de ces médicaments en France. Sont concernés : les médecins généralistes, les urgentistes, les médecins de la douleur, les rhumatologues, les addictologues, les pharmaciens, etc. On fait le point.

Dix millions de prescriptions en France, en 2015

Les États-Unis et l'Angleterre sont le théâtre d'une crise sanitaire sans précédent qui a pour conséquence un nombre important de décès imputables à la consommation d'opioïdes.

"Bien qu'aujourd'hui, en France, la consommation d'opioïdes n'atteigne pas le niveau des États-Unis ou de l'Angleterre, elle est cependant en augmentation", souligne la Haute Autorité de santé. Près de 10 millions de Français ont eu une prescription en 2015, soit 17,1 % de la population. "Un chiffre qui serait en hausse ces dernières années", selon elle. En 2018, l'Observatoire français des médicaments antalgiques indiquait que la consommation d'opioïdes avait doublé en dix ans.

Pas question d'interdire le recours à ces médicaments. L'enjeu est plutôt "de sécuriser l'usage des opioïdes, sans en restreindre l'accès pour les patients qui en ont besoin", sur fond de "vieillissement de la population et d'augmentation des maladies chroniques qui favorisent la multiplication des symptômes douloureux".

Parmi les opioïdes les plus consommés : le tramadol, la codéine, l'oxycodone, le fentanyl, la poudre d'opium…

Risque d'addiction et de surdosage

La Haute Autorité de santé a établi des recommandations pour chaque situation où ces médicaments peuvent être prescrits :

  • dans le cadre du traitement de la douleur chronique non cancéreuse,
  • dans le cadre du traitement de la douleur aiguë,
  • dans le cadre du traitement de la douleur liée au cancer
  • et dans le cas du traitement de la douleur chez la femme enceinte et allaitante.

Qu'importe le type de médicament opioïde, une quantité prescrite trop importante peut s'avérer rapidement problématique. 

Face à la douleur chronique non cancéreuse, la HAS note notamment que "les antalgiques opioïdes ne doivent être envisagés qu'en dernier recours". "Ces médicaments ne peuvent pas être prescrits pour des douleurs pelviennes chroniques ou musculosquelettiques", ni contre les migraines, précise-t-elle.    

Limiter la durée du traitement

Quelle que soit la puissance de l’opioïde qu’il soit dit faible ou fort, la précaution s’impose, car "les risques de développer un trouble de l’usage ou de surdose sont communs à tous". Ce qui compte pour apprécier le risque, c’est la durée de prescription et la quantité prescrite, insiste la HAS.

Lorsque des opioïdes sont nécessaires, elle recommande un traitement "de façon progressive, avec des réévaluations régulières en début de traitement afin d'ajuster la posologie et de surveiller l'apparition d'effets indésirables". Au-delà de six mois de traitement continu, elle préconise par exemple de "diminuer progressivement le traitement voire de l'arrêter complètement" pour vérifier sa pertinence ou son dosage.

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