Depuis la découverte de l’insuline, hormone régulant la glycémie, en 1921, beaucoup de progrès ont été faits dans la compréhension et le traitement du diabète de type 1, diabète insulinodépendant, apparaissant généralement durant l’enfance ou chez le jeune adulte. Et si la qualité de vie des malades s’est considérablement améliorée, il reste encore à faire dans ce domaine de recherche, comme le souligne l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) à l'occasion de la Journée mondiale du diabète, ce 14 novembre.
A l’Inserm, onze équipes réparties en neuf unités travaillent ainsi à améliorer la prise en charge des patients, en tentant de caractériser les cellules du pancréas des personnes atteintes, et à mieux comprendre la maladie, notamment en termes de facteurs de risque ou encore de susceptibilité génétique.
Si plusieurs équipes s’attèlent notamment à étudier l’immunothérapie ou à créer un pancréas artificiel externe pour éviter les injections manuelles d’insuline, c’est une autre approche que l’Inserm met en avant tant elle suscite d’espoirs.
Il s’agit de la transplantation d’îlots de Langerhans, les cellules du pancréas qui sécrètent de l’insuline. Rappelons que le diabète de type 1 est une maladie auto-immune, puisqu’elle est causée par un dysfonctionnement des cellules immunitaires, qui identifient les îlots de Langerhans du pancréas comme des cellules étrangères à l'organisme, et les éliminent. Chez les diabétiques de type 1, ces îlots ne peuvent donc plus assurer leur fonction normale de production de l’insuline.En cela, la greffe de cellules insulino-sécrétrices permet de restaurer une sécrétion d’insuline quasi physiologique, et ainsi de transformer la vie des patients, notamment de ceux se trouvant en impasse thérapeutique.
"La greffe d’îlots est proposée à deux profils de patients : d’une part ceux qui ont un diabète de type 1 très instable, souvent ancien, avec notamment la survenue d’hypoglycémies sévères et/ou non ressenties, d’autre part les , qui prennent déjà des médicaments immunosuppresseurs qu’il suffit alors d’ajuster”, a détaillé dans un communiqué Marie-Christine Vantyghem, chercheuse Inserm au sein du CHU de Lille, dont l’équipe a développé cette approche et greffé plus de cinquante personnes.
Notons que cette greffe "partielle" est plus intéressante que la greffe du pancréas, car bien qu'efficace, cette transplantation d'organe présente un risque élevé de complications parfois sévères.
Une étude sur la greffe d’îlots pancréatiques aux résultats très encourageants
Publiée dans la revue Diabetes Care, la nouvelle étude de François Pattou, de Marie-Christine Vantyghem et de leurs équipes, retrace la trajectoire de 28 patients ayant bénéficié d’une greffe d’îlots entre 2003 et 2012. Souffrant d’insuffisance rénale, la moitié d’entre eux avaient en outre déjà été greffés du rein, précise l’Inserm.
L’étude a montré que la greffe d’îlots pancréatiques a permis de maintenir un bon contrôle glycémique, sans apport d’insuline par injection, et ce au bout de cinq ans pour la moitié des 28 patients, et de dix ans pour près d’un tiers (28 %). Ces résultats sont similaires à ceux obtenus avec la greffe de pancréas entier. Les chercheurs ont également montré que 80 % des patients avaient une greffe toujours fonctionnelle au bout de cinq ans, sans événement majeur d’hypoglycémie. Après dix ans, c’était toujours le cas pour les deux tiers d’entre eux. Pour les chercheurs, ces résultats démontrent que la thérapie cellulaire peut fonctionner sur le long terme si la masse d’îlots transplantée est suffisante.
Au vu de ces résultats très encourageants, des démarches pour le remboursement de la greffe d’îlots sont actuellement engagées auprès de la Haute Autorité de santé. La réponse est attendue pour 2020.
Source : Inserm