Vous connaissez les nausées matinales, mais savez-vous d’où elles viennent ? Des chercheurs des États-Unis, de Grande-Bretagne et du Sri Lanka se sont penchés sur la question, et ont publié leurs résultats dans la revue Nature le 13 décembre 2023 (source 1). Le coupable : GDF15. L’hormone, présente dans le corps en dehors de la grossesse, est produite en plus grande quantité à cette période. Le GDF15 agit alors sur le cerveau de la mère, et lui donne des nausées et/ou des vomissements - et pas forcément le matin. « Le bébé qui grandit dans l’utérus produit une hormone à des niveaux auxquels la mère n’est pas habituée. Plus elle est sensible à cette hormone, plus elle sera malade », a expliqué le Professeur Stephen O’Rahilly (Université de Cambridge, Grande-Bretagne) dans un communiqué (source 2).
Ainsi, en fonction de la quantité d’hormone produite pendant la grossesse et l’exposition de la mère avant cette période, les nausées seront plus ou moins importantes. « Le degré de nausées et de vomissements qu’une femme éprouve pendant la grossesse est directement lié à la quantité de GDF15 produite par la partie fœtale du placenta et envoyée dans la circulation sanguine, ainsi qu’à la sensibilité de la femme à l’effet nauséabond de cette hormone », précise le communiqué.
Les femmes pas toutes égales face aux nausées matinales
7 femmes sur 10 sont touchées par les nausées matinales pendant leur grossesse. Mais certaines (entre 0,3 % et 3 % des femmes enceintes) souffrent d’une forme plus grave de nausées : l’hyperémèse gravidique. Ce phénomène est caractérisé par des vomissements incoercibles sévères pendant le 1er trimestre de grossesse. L’hyperémèse gravidique peut être grave, et provoquer une déshydratation, une perte de poids, et peut mener à l’hospitalisation.
Selon les chercheurs, le GDF15 serait aussi impliqué dans l’hyperémèse gravidique. « La production fœtale de GDF15 et la sensibilité maternelle à ce produit contribuent toutes deux de manière substantielle au risque d’hyperémèse gravidique. De faibles niveaux de GDF15 en l’absence de grossesse augmentent le risque de développer une hyperémèse gravidique », précisent-ils.
L’espoir d’un traitement
« Espérons que maintenant que nous comprenons la cause de l’hyperémèse gravidique, nous nous rapprochons de la mise au point de traitements efficaces pour empêcher d’autres mères de vivre ce que moi et beaucoup d’autres femmes avons vécu », a indiqué la Dre Marlena Fejzo (Université de Californie du Sud), autrice principale de l’étude dans un communiqué. Pour le Pr O’Rahilly, « cette connaissance nous donne un indice sur la manière dont nous pourrions empêcher ce phénomène de se produire. Cela nous rend également plus confiants dans le fait qu’empêcher le GDF15 d’accéder à son récepteur hautement spécifique dans le cerveau de la mère constituera finalement la base d’un moyen efficace et sûr de traiter ce trouble ». Connaître la cause des nausées matinales pourrait en effet permettre d’élaborer un traitement curatif ou préventif de ce phénomène, par exemple en exposant les femmes à l’hormone avant la grossesse.
En dehors d’une grossesse, des nausées le matin peuvent être causées par du stress, de l’hypoglycémie, une intoxication alimentaire, une gastro-entérite ou encore un traitement médicamenteux.