Les tatouages pourraient-ils augmenter le risque de cancer ? C’est en tout cas ce que suggèrent des chercheurs suédois dans une étude publiée ce 21 mai 2024 dans la revue eClinicalMedicine (source 1).
Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques de l’Université de Lund ont analysé les données de santé de près de 12 000 suédoises et suédois. Parmi eux, presque 3 000 ont eu un diagnostic de lymphome. Ce cancer du système immunitaire touche les lymphocytes, des cellules sanguines qui permettent de lutter contre les infections. Les données de santé des personnes atteintes d’un lymphome ont été comparées à celles d’un groupe témoin « du même sexe et du même âge, mais sans lymphome. Les participants à l’étude ont répondu à un questionnaire sur les facteurs liés au mode de vie afin de déterminer s’ils étaient tatoués ou non », a expliqué dans un communiqué (source 2) Christel Nielsen, chercheuse principale de l’étude.
21 % de risque en plus
Verdict : « le risque de développer un lymphome était 21 % plus élevé chez les personnes tatouées », a révélé la chercheuse. Ce résultat a été obtenu « après avoir pris en compte d’autres facteurs pertinents, tels que le tabagisme et l’âge », a-t-elle précisé. Certains types de lymphomes étaient particulièrement présents chez les personnes tatouées : le lymphome diffus à grandes cellules B et le lymphome folliculaire.
Notons que la quantité de tatouage sur le corps, à la surprise de l’équipe suédoise, ne semble pas avoir d’impact. « Nous ne savons pas encore pourquoi il en est ainsi. On peut seulement supposer qu’un tatouage, quelle que soit sa taille, déclenche une inflammation de bas niveau dans le corps, qui peut à son tour déclencher un cancer », suppose Christel Nielsen. Elle explique ainsi que « nous savons déjà que lorsque l’encre du tatouage est injectée dans la peau, le corps l’interprète comme quelque chose d’étranger qui ne devrait pas s’y trouver et le système immunitaire est activé. Une grande partie de l’encre est transportée hors de la peau, vers les ganglions lymphatiques où elle se dépose ». Et pour cause de cette réponse du système immunitaire : « L’encre de tatouage contient souvent des produits chimiques cancérigènes », rappellent les auteurs de l’étude.
Une révélation à vérifier
Les auteurs de l’étude rappellent que « les connaissances actuelles sur les effets à long terme des tatouages sur la santé sont actuellement insuffisantes ». Peu d’études ont été menées sur ce sujet, malgré un nombre important et croissant de personnes tatouées. Les résultats de cette étude devront « maintenant être vérifiés, ces recherches sont en cours », a déclaré l’auteure principale. Avec son équipe, elle va désormais étendre ses recherches sur les liens entre le tatouage et d’autres types de cancer. « Il est donc très important que nous, en tant que société, puissions nous assurer que cela ne présente aucun danger. Pour l’individu, il est bon de savoir que les tatouages peuvent affecter sa santé et qu’il doit s’adresser à son prestataire de soins de santé s’il ressent des symptômes qu’il pense pouvoir être liés à son tatouage », conclut Christel Nielsen dans le communiqué.
Possible association between tattoos and lymphoma revealed: https://t.co/Jr8n2pXNqV#cancer#lymphoma#tattoospic.twitter.com/QeIzppvYg1
— Lund University (@lunduniversity) May 24, 2024