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Salons de manucure : les travailleurs seraient beaucoup trop exposés aux produits chimiques

Les employés des salons de manucure seraient beaucoup trop exposés aux polluants © istock

Publié le par Hélène Bour

Travailler dans un salon de manucure reviendrait à exercer dans une raffinerie en termes d’exposition à des produits chimiques toxiques. C’est ce qu’affirment deux chercheurs étudiant la question, dans un article paru dans The Conversation.

Il suffit de passer devant un salon de manucure ouvert pour sentir une forte odeur de solvants et autres produits chimiques. Malheureusement, si le fait de les respirer en passant ou même d’y entrer pour quelques minutes n’est pas foncièrement délétère (encore que), y travailler expose à de dangereux niveaux de polluants.

C’est ce que déplorent Lupia D. Montoya et Aaron Lamplugh, deux chercheurs en sciences de l’environnement de l’université du Colorado, dans un article paru dans The Conversation. Ils expliquent que les odeurs que l’on sent dans un salon de manucure proviennent des COV, des composés organiques volatils. Ceux-ci sont associés à de nombreux problèmes de santé tant à court qu’à long terme, tels que des maux de tête, des irritations des voies respiratoires, des nuisances pour le système reproducteur ou même un sur-risque de cancer. 

Dans une étude menée dans six salons de manucure du Colorado, les chercheurs et leurs équipes ont découvert que les employés de ces salons passaient leur journée à être exposés à des niveaux très élevés de COV dans l’air ambiant. Les employés y travaillant depuis plusieurs années se plaignaient de maux de tête et d’irritations de la peau et des yeux. Soulignant que plusieurs autres groupes de recherche ont enquêté sur le sujet, les chercheurs rapportent une exposition aux COV des employés de salons de manucure bien plus élevée que celle à laquelle ils seraient confrontés dans la plupart des habitations ou des environnements urbains.

Dans leur étude, les scientifiques ont mesuré les concentrations de 10 COV, dont les substances cancérogènes benzène et formaldéhyde. Ils ont ainsi constaté que les expositions aux hydrocarbures aromatiques tels que le benzène, le toluène, l'éthylbenzène et les xylènes - aussi regroupés sous le terme de BTEX - étaient comparables à celles mesurées précédemment dans des études sur des ouvriers des raffineries de pétrole et des garagistes.

Malheureusement, comme le soulignent les deux scientifiques, la réglementation des vernis et autres solvants cosmétiques est assez laxiste, tant aux États-Unis qu’en Europe, où la présence de toluène est, par exemple, souvent retrouvée dans des produits pourtant étiquetés comme garantis “sans toluène”. Par ailleurs, le phtalate de dibutyle (ou DBP) est souvent présent dans les vernis à ongles, alors qu’il s’agit d’un perturbateur endocrinien.

Pourtant, les chercheurs indiquent que de simples mesures de précaution, tels qu’une bonne ventilation, le port de gants en nitrile et d’un masque avec filtre à charbon pourraient réduire l’exposition aux polluants des employés des salons de manucure. Évidemment, une composition plus sûre des produits cosmétiques employés serait également idéale.

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