Les phtalates sont partout. D’après un rapport de Santé publique France publié en janvier 2019, l’alimentation participerait à 90 % de l’exposition totale à ces substances chimiques. Comme le rappelle Santé publique, les phtalates sont considérés comme des perturbateurs endocriniens et la plupart sont classés comme « substances toxiques pour la reproduction ». Les perturbateurs endocriniens désignent des substances chimiques qui interfèrent avec le système hormonal ce qui peut causer des effets néfastes sur la santé humaine.
D’après les résultats d’une étude (Source 1) présentée lors d’un congrès conjoint de la Société européenne d’endocrinologie pédiatrique (ESPE) et de la Société européenne d’endocrinologie (ESE), l’exposition aux phtalates dans la petite enfance impacterait le développement sexuel pendant la petite enfance. « Les garçons de trois ans sont plus susceptibles d’avoir une distance anogénitale plus courte lorsque leur mère présente des taux élevés de phtalates dans ses urines », notent les auteurs de cette étude.
Avant de compléter : « Chez les filles, l’exposition directe aux phtalates était associée à une distance anogénitale plus courte ». D’après ces résultats, l’exposition précoce aux polluants environnementaux peut donc entraîner « des altérations des mensurations génitales au cours des trois premières années de vie, ce qui peut affecter le développement sexuel et la fertilité plus tard ». Pour parvenir à cette constatation, les chercheurs ont collecté des échantillons d’urine et mesuré la distance anogénitale de 188 enfants (à la naissance, à 3 mois, 6 mois et 3 ans) et de leurs 188 mères, après l’accouchement et lorsque leurs enfants ont eu 3 ans. La distance anogénitale désigne un indicateur de l’imprégnation androgénique (testostérone).
Limiter l’exposition
« Nous avons été surpris de constater une exposition aussi élevée aux phtalates, dont l’utilisation est actuellement moins réglementée. Sachant que les seuils d’effet anti-androgène sont en baisse considérable, l’exposition quotidienne à ces substances pourrait représenter un risque majeur pour la santé des jeunes générations à long terme », précise le Dr Laura Lucaccioni, auteure principale de l’étude. Avant de conclure : « Nos résultats chez les garçons suggèrent que l’exposition environnementale prénatale et familiale peut avoir un impact significatif sur leur développement sexuel. Chez les filles, l’exposition aux phtalates pourrait jouer un rôle dans d’autres mécanismes hormonaux. Cependant, la taille de l’échantillon de notre étude étant réduite, nous ne pouvons pas affirmer avec certitude qu’il existe effectivement des différences entre les garçons et les filles, mais nous établissons que les deux peuvent être affectés par ces perturbateurs endocriniens ».
Pour limiter l’exposition (Source 2), il est donc recommandé de consommer des fruits et des légumes locaux, de saison et, si possible, bio. Autre conseil : privilégier les matériaux aptes au contact alimentaire. Au sein de son logement, il est conseillé d’aérer quotidiennement, de privilégier les produits ménages simples, etc. L’utilisation des huiles essentielles est déconseillée pendant la grossesse, l’allaitement et la petite enfance rappelle également le ministère de la Santé. Dans la vie courante, il est aussi recommandé de laver les vêtements neufs avant usage.