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Non, l'IVG n'est pas une cause de mortalité, contrairement aux propos de CNEWS

Féministe mobilisée pour le droit à l'IVG : my body, my choice © iStock / Getty Images Plus

Publié le par Sylvie Gotlibowicz

La chaîne CNEWS a exprimé ses excuses pour avoir assimilé l’IVG à la première cause de mortalité dans le monde. Des propos très polémiques, alors que le texte de loi visant à inscrire l’IVG dans la Constitution sera examiné par les sénateurs ce mercredi 28 février.

Tout a commencé dimanche 26 février dans l’émission « En quête d’esprit » diffusée sur la chaîne CNEWS. Une infographie compare l’avortement, le cancer et le tabac, comme les trois principales causes de mortalité dans le monde… et place l’IVG en tête du classement, considérant les 73 millions d’avortements comme 73 millions de morts.

Tollé immédiat, nombreuses saisines de l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique… la polémique est telle que la chaîne a dû rétropédaler et présenter ses excuses par l’intermédiaire de Laurence Ferrari, l’une de ses journalistes stars.

L’avortement n’est pas une maladie ou un crime !

Rappelons-le bien haut et fort, comme l’a d’ailleurs fait le ministre de la Santé, Frédéric Valletoux : l’avortement n’est pas une maladie, « ni un crime contre autrui ».

Depuis 1975 et la loi Veil, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est un droit en France. Et le délit d’entrave à l’IVG (soit le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher une IVG) est pénalement condamné.

L’avortement est actuellement autorisé jusqu’à quatorze semaines de grossesse, soit seize semaines d’aménorrhée (après le début des dernières règles). Elle est gratuite pour toutes les femmes, quelle que soit la méthode pratiquée (IVG médicamenteuse ou IVG chirurgicale).

Rappelons aussi que dans les pays où l’IVG est interdite, les femmes ont recours des avortements clandestins et que plusieurs milliers d’entre elles en meurent chaque année : entre 39 000 et 47 000 femmes décèdent chaque année des suites d’une IVG non médicalisée, selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé) (source 1).

De l’urgence d’inscrire l’IVG comme un droit constitutionnel

48 ans après la loi Veil, la propagande anti-IVG en France reste toujours virulente. Elle a même été boostée par la remise en cause drastique du droit à l’avortement aux États-Unis depuis juin 2022 et la décision de la Cour suprême d’annuler le droit constitutionnel à l’avortement et de laisser chaque État statuer.

Ce recul américain a malheureusement permis de confirmer la justesse des propos de Simone de Beauvoir en 1949 : “N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique et religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant”

Ce recul américain a aussi incité les pouvoirs publics français à vouloir renforcer ce droit des femmes en le constitutionnalisant. Le projet de loi constitutionnelle relatif à l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse sera débattu par les sénateurs mercredi 28 février. Il a déjà été voté par l’Assemblée nationale.

Sources
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