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Moratoire sur la fermeture des maternités : pourquoi cela inquiète le Collège des gynécologues

Femme enceinte allongée dans un lit d'hôpital, surveillée par un moniteur fœtal. © jenjen42/Getty Images

Publié le par Hélène Bour

Ce moratoire, voté le 15 mai dernier à l’Assemblée nationale, est loin de faire l’unanimité. Des gynécologues détaillent leurs craintes et expliquent en quoi ça n’est pas une si bonne mesure.


À chaque maternité qui ferme, ce sont des interrogations et craintes qui ressurgissent. celle maternité de proximité, les femmes enceintes vont-elles pouvoir atteindre la grande maternité à temps ? Ne serait-il pas mieux de ne pas fermer les petites structures afin d’offrir aux jeunes parents une solution de proximité ? L’éloignement des maternités est-il une des raisons de l’inquiétante hausse de la mortalité maternelle et infantile en France ?

Que nenni. Dans un communiqué de presse, le Collège national des gynécologues et obstétriciens de France (CNGOF) assure que l’éloignement des maternités n’est pas en cause dans les mauvais chiffres français autour de la périnatalité. “Au contraire, tous les chiffres disponibles montrent que la sécurité est la plus élevée dans les pays qui ont su renoncer aux petites maternités”, assure le Collège, qui déplore le vote le 15 mai dernier à l’Assemblée nationale d’un moratoire sur la fermeture des maternités.

Des maternités aux équipes incomplètes

La société savante explique qu’éviter à de petites maternités de fermer ne fait pas tout. Car pour qu’une maternité fonctionne bien et que la sécurité des mères et celle des bébés soient assurées, il faut que l’équipe soit au complet. Autrement dit, que la maternité compte pédiatre, gynécologue, sage-femme, anesthésiste, auxiliaire de puériculture… “Pour assurer la sécurité, les soins doivent obligatoirement reposer sur des équipes stables et soudées. Aujourd’hui, en France, la majorité des équipes sont très fragilisées : on ne compte plus les maternités sans pédiatre ou celles contraintes de faire appel à des médecins intérimaires anesthésistes ou obstétriciens qui ne peuvent pas constituer une équipe véritablement efficace et sûre sur la durée”, regrette ainsi le CNGOF.

Le Collège estime qu’en l’état, de telles petites maternités ne peuvent prendre correctement en charge des grossesses à risque, lesquelles sont en augmentation “avec l’augmentation de l’âge des mères, des taux de diabète, d’hypertension artérielle, et des fragilités économiques”.

En bref, c’est avant tout le manque de médecins que déplore le CNGOF que la fermeture des maternités de proximité, inévitable sinon souhaitable selon le Collège, pour maintenir un bon niveau de sécurité et la qualité des soins.Maintenir coûte que coûte toutes les maternités existantes participe, par la dispersion des moyens malheureusement limités, à la poursuite de la dégradation de la qualité des soins”, prévient le CNGOF. Il plaide, avec l’Académie de Médecine, pour la création de Centres Périnatals de Proximité, et pour le renforcement des maternités. “Une planification territoriale rationnelle est indispensable, seule réponse possible et fiable à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale”, conclut le CNGOF. Autrement dit un parcours de soins spécifique et adapté aux différents territoires, pour ne pas laisser les femmes enceintes sans solution et assurer leur transfert vers la maternité.
Notons que le texte adopté à l’Assemblée le 15 mai dernier prévoit aussi une formation obligatoire aux gestes d’urgence obstétriques pour les équipes des petites maternités. Par ailleurs, durant ce moratoire, un “état des lieux” sera réalisé sur les maternités pratiquant moins de mille accouchements par an, pour voir si les conditions sont toujours réunies pour garantir des accouchements en toute sécurité.

Sources
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