Dans 90 % des cas, le mal de dos dans le cadre d'une lombalgie guérit en moins de 4 à 6 semaines. Mais si la douleur dépasse les 12 semaines, le mal de dos devient « chronique ». Même lorsque c'est le cas, il n’est pas et ne doit pas être une fatalité. Comme l'explique l'Assurance maladie, la cause du mal de dos est très souvent la sédentarité, soit l’absence d’activité. Les muscles se relâchent, ne sont pas assez forts pour jouer leur rôle et des douleurs au niveau des lombaires surviennent. C'est pourquoi il est recommandé de maintenir ou de reprendre rapidement une activité physique, car c'est en entretenant son dos et en renforçant ses muscles et la souplesse des ligaments que le patient guérit.
Outre la pratique d'une activité physique adaptée, l'organisme recommande également de pratiquer régulièrement des exercices d'assouplissement et d'étirement. Voilà qu'une étude, publiée dans le Scandinavian Journal of Pain par une équipe de l'Université Laval et de l'Université McGill, suggère que des étirements passifs et prolongés du dos permettraient de diminuer la sensibilité à la douleur. Si ces résultats sont confirmés auprès de patients souffrant de maux de dos chroniques, cette intervention pourrait devenir un outil dans la lutte contre les douleurs lombaires, aussi appelées « lumbago ». Pour les besoins de leur étude, les chercheurs ont recruté 22 patients exempts de maux de dos.
« Une tolérance plus élevée dans le bas du dos »
Les participants ont subi un test servant à mesurer leur seuil de sensibilité à la douleur au niveau des muscles du bas du dos et de l'avant-bras. « À l'aide d'un algomètre, nous augmentons de manière progressive la pression exercée sur le muscle jusqu'à ce que le seuil de douleur soit atteint », atteste le responsable de l'étude, le Pr Hugo Massé-Alarie. Par la suite, les sujets ont exécuté une séance d'étirement des muscles du dos. Pendant trois minutes, ils devaient rester allongés en position dorsale, les jambes repliées sur la poitrine. Un rouleau en mousse placé sous le sacrum et une sangle ceinturant leurs cuisses assuraient le maintien de la position, en minimisant les contractions musculaires.
« En général, après 30 secondes, les étirements ne procurent pas de bénéfice supplémentaire pour la flexibilité musculaire. En revanche, comme nous nous intéressons à la sensibilité à la douleur, nous avons utilisé une durée suffisamment longue pour créer un inconfort chez les sujets », ajoute le chercheur. Les scientifiques ont ensuite retesté les participants avec l'algomètre. Résultats ? Les étirements du dos ont augmenté de façon significative le seuil de sensibilité à la douleur. Selon le Pr Massé-Alarie, « cette tolérance plus élevée a été notée dans le bas du dos mais aussi à l'avant-bras. L'effet semble systémique, comme si les étirements provoquaient une réaction au niveau du système nerveux central ».
Une aide à la pratique des exercices de réadaptation
Les chercheurs se veulent prudents, en précisant que les répercussions cliniques de ces résultats sont à préciser, notamment parce qu'il ne faut pas oublier qu'une douleur provoquée diffère d'une douleur spontanée. Mais ces derniers souhaitent confirmer l'efficacité des étirements pour élever le seuil de tolérance à la douleur en faisant appel à des personnes souffrant de maux de dos. En cas de bons résultats, cette pratique pourrait s'utiliser à deux fins. « Les étirements pourraient aider les patients à gérer leur douleur à court terme. Par ailleurs, comme leur tolérance à la douleur serait plus grande, ils craindraient moins de faire les exercices de réadaptation recommandés », conclut le Pr Massé-Alarie.
A noter que si la pratique progressive et régulière d’exercices dans la durée favorise la récupération et prévient les rechutes, la crainte de la douleur et la peur de bouger retardent, à l'inverse, la guérison. L'Assurance maladie a donc mis au point l'application Activ’Dos dont l'une des fonctionnalités est de découvrir des exercices de relaxation, d’étirement et de musculation à réaliser au travail, ou à la maison, mais aussi les bons gestes du quotidien : porter un sac, faire le ménage ou la cuisine, se tenir debout... Cette dernière a également mis à disposition un livret qui donne quelques positions qui permettent de mobiliser le dos et qui peuvent être pratiquées sans matériel particulier.