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Comment diagnostique-t-on la maladie d'Alzheimer ?

Comment diagnostique-t-on  la maladie d'Alzheimer ?

Publié le par Sylvie Gotlibowicz

 En quelques années, le diagnostic de cette forme de démence a gagné en précision, grâce notamment au recours aux biomarqueurs. Qui doit-on consulter si l'on s'inquiète de trous de mémoire ?  Les réponses du Pr Bruno Dubois, directeur de l’Institut de la mémoire à la Pitié-Salpêtrière.

 Santé Magazine : Tous les experts s’accordent à dire que la maladie d’Alzheimer est sous-diagnostiquée en France. Pourtant, selon un sondage qui vient d’être publié, les Français veulent savoir s’ils sont à risque de développer un jour la maladie. Et ils sont de plus en plus nombreux à consulter.

Pr Bruno Dubois : « On estime que 860 000 Français sont atteints par la maladie d’Alzheimer, et la moitié d’entre eux ne sont effectivement pas diagnostiqués. Il est vrai aussi que les personnes viennent nous consulter de plus en plus tôt. La plainte de mémoire est extrêmement banale. Qui n’a jamais eu de trous de mémoire ? Ce qui est nouveau, c’est que les personnes quand elles ont ces symptômes viennent nous consulter. Nous répondons à l’inquiétude qu’elles expriment – heureusement – le plus souvent à tort. On parle bien ici de diagnostic précoce, à ne pas confondre avec le dépistage. »

 Peut-on aujourd’hui poser avec certitude le diagnostic de la maladie ?

 « Nous avons maintenant différents outils dans les centres experts pour poser un diagnostic fiable, ce qui n’était pas le cas il y a une vingtaine d’années où un “flou” pouvait subsister. La découverte de biomarqueurs, véritables signatures biologiques de la maladie, a permis de définir un cadre précis à la maladie. On s’appuie moins qu’avant sur l’IRM. Cet examen est un marqueur fiable à 85 % mais il ne permet pas de mettre en évidence des lésions. Il s’agit avant tout d’un marqueur topographique qui montre des anomalies de forme et de volume de l’hippocampe. »

 Toute personne qui s’inquiète face à des trous de mémoire à répétition peut-elle bénéficier d’une recherche de ces biomarqueurs ?

 « Non, car le parcours de diagnostic est extrêmement balisé en France. C’est d’abord le généraliste qui établit, à partir de questionnaires types, si la personne est susceptible de présenter ou non un trouble dégénératif. Le patient se rend alors dans une consultation mémoire de proximité. Il en existe 400 en France. Dans le cadre de cette structure sont réalisés les tests neuropsychologiques ainsi que l’IRM. C’est seulement en cas de doute sur le diagnostic ou face à un sujet jeune que le patient est orienté vers un centre expert (un par région) qui a des ressources d’exploration plus poussées. Le recours à un biomarqueur y est notamment possible. »

 Quel est l’intérêt d’un diagnostic précoce dans la mesure où aucun traitement ne permet de guérir de la maladie ? Apprendre que l’on est atteint d’Alzheimer sans pouvoir en guérir est très déstabilisant et anxiogène.

 « Certes, on ne guérit pas, mais un diagnostic précoce permet de mieux accompagner le patient. On l’inscrit dans un projet de prise en charge (groupes de parole, stimulation cognitive…) pour, à terme, améliorer considérablement sa qualité de vie. »

 Appel à volontaires pour une étude dirigée par le Pr Dubois sur les pathologies liées à la mémoire Le projet ? Suivre des sujets « normaux » et étudier leur évolution au cours du temps. Le profil ? Avoir entre 75 et 85 ans, être en bonne santé, se plaindre de sa mémoire, habiter en région parisienne et pouvoir être accompagnés aux examens menés pendant cette étude.
Pour plus d’infos : contacter la cellule mise en place à cette fin au 06 60 38 58 62.

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