C’est un point de situation scruté chaque année. L’Institut national du Cancer (Inca) vient de publier l’édition 2024 de son Panorama des cancers en France (Source 1). Il porte donc sur l’année 2023, et fait état de plus de 433 000 nouveaux cas de cancer en France en 2023, contre, à titre de comparaison, 382 000 nouveaux cas en 2018.
Selon l’Inca, l’évolution démographie est la première cause de cette importante hausse du nombre de nouveaux cas : “l’augmentation et le vieillissement de la population expliquent 78 % de l’évolution de l’incidence chez l’homme et 57 % chez la femme”.
Comme chaque année depuis quatre ans, ce panorama des cancers présente les données épidémiologiques générales (incidence, mortalité, taux de survie, etc.) tout en détaillant celles sur les cancers les plus fréquents, et proposant un état des lieux sur la prévention et les soins.
Une hausse préoccupante de deux cancers chez les femmes en France
Ainsi apprend-on que les cancers les plus fréquents en France restent, chez l’homme :
- le cancer de la prostate (59 885 cas),
- le cancer du poumon (33 438 cas)
- et le cancer colorectal (26 212 cas).
Tandis que chez la femme, il s’agit :
- des cancers du sein (61 214 cas),
- du cancer colorectal (21 370 cas)
- et du cancer du poumon (19 339 cas).
Deux cancers montrent d’ailleurs une augmentation “préoccupante” du taux d’incidence chez la femme entre 2010 et 2023, s’inquiète l’Inca. Ainsi l’Institut observe-t-il une hausse de 4,3 % par an du nombre de cas de cancer du poumon chez les femmes en France, et de 2,1 % pour le cancer du pancréas. Pour l’Institut, il en fait nul doute que la consommation de tabac, débutée dans les années 1970-80 chez les femmes, en est la conséquence majeure.
Dépister et prévenir pour mieux soigner et guérir
Le panorama comporte, heureusement, des nouvelles plus encourageantes. Ainsi, l’évolution annuelle du taux de mortalité montre une diminution globale entre 2011 et 2021 (- 2,1 % chez l’homme et - 0,6 % chez la femme). Plus marquée chez l’homme, cette diminution “résulte de diagnostics plus précoces et d’avancées thérapeutiques importantes parmi les cancers plus fréquents”, précise l’Inca.
On meurt toutefois encore du cancer en France, puisque l’on comptait 162 400 décès par cancer en 2021, dont 56 % chez les hommes (90 900 décès). Cancers du poumon, colorectaux, et de la prostate sont les plus meurtriers chez les hommes, tandis que ceux du sein, du poumon et colorectaux le sont chez les femmes.
Car certaines localisations de cancers demeurent de mauvais pronostic, en partie du fait de difficultés de diagnostic et de localisation, d’une évolution rapide et agressive ou encore du manque de solutions thérapeutiques. C’est le cas des cancers du poumon, du pancréas et du foie. L’institut national du cancer précise d’ailleurs qu’un dépistage est envisagé concernant le cancer du poumon. “En effet, plusieurs essais/études ont montré l’efficacité du scanner à faible dose pour ce dépistage. Afin de contribuer à définir l’ensemble des critères et des paramètres d’un programme de dépistage national, l’Institut national du cancer a lancé en juillet 2024 un appel à candidatures pour la mise en place d’un programme pilote de ce dépistage”, indique l’Institut.
L’Inca rappelle dans son panorama que le dépistage est une arme essentielle dans la lutte contre le cancer (en parallèle de la prévention par la diminution des facteurs de risques évitables, tabac en tête). Il déplore par exemple une trop faible participation au dépistage du cancer colorectal (34,2 % seulement sur la période 2022-2023), mais se félicite en revanche de la reconduite de la campagne de vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) dans les collèges, laquelle prévient jusqu’à 90 % des infections HPV à l’origine de cancers. “Rappelons que chaque année en France, 6 400 cancers (dont un quart touche les hommes) et 100 000 lésions bénignes sont liés aux HPV. Vacciner les enfants dès 11 ans permet de les protéger efficacement contre ces cancers qu’ils pourraient développer à l’âge adulte”, conclut l’Inca.