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Aération, purificateurs d'air, capteurs de CO₂, diffuseurs d'HE... Comment assainir l'air de chez soi ?

Une femme ouvre sa fenêtre pour aérer son appartement © iStock / dangrytsku

Publié par Anne-Laure Lebrun et Alexandra Bresson  |  Mis à jour le par Manon DuranExperts : Fabien Squinazi, vice-président de la Commission spécialisée "risques liés à l’environnement"   du Haut Conseil de la santé publique & Bérénice Jenneson, référente "Qualité de l’air intérieur" pour ATMO France, responsable de l’unité Surveillance et études réglementaires à ATMO Grand Est

La qualité de l'air en intérieur laisse parfois à désirer. Quelles sont les principales sources de pollution intérieure ? À quels risques exposent-elles ? Quels sont les bons gestes pour améliorer la qualité de l’air chez soi ? Réponses d'experts.

Contrairement à ce que vous pourriez penser, l'air est souvent plus pollué à l'intérieur de votre maison qu'à l'extérieur ! L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) affirme que nous passons en moyenne 85 % de notre temps dans des environnements clos où l’air respiré n’est pas toujours de bonne qualité : domicile, locaux de travail, école, moyens de transport... (source 1)

Quels sont les polluants de l'air intérieur ?

Nous sommes potentiellement exposés à de nombreux polluants : 

  • Des polluants chimiques : composés organiques volatils (COV), oxydes d’azote (NOx), monoxyde de carbone (CO), hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), phtalates, benzène, etc.
  • Des bio contaminants : moisissures, allergènes domestiques provenant d‘acariens, d’animaux domestiques et de blattes, pollens, etc.
  • Des polluants physiques : particules et fibres (amiante, fibres minérales artificielles), etc.

Pourtant, l’exposition à la pollution intérieure peut entraîner diverses affections comme des irritations des voies respiratoires, des maux de tête et des intoxications. Heureusement, rendre plus sain l'air de notre logement n'est pas si compliqué. 

Les différentes sources de pollution de l'air intérieur

Le premier réflexe consiste à identifier les principales sources de pollution intérieure : 

Le tabac, premier polluant de l'air intérieur

La première cause de pollution intérieur, et celle sur laquelle il est le plus facile d’agir, est le tabac. Pour remédier à cette situation, la solution la plus efficace consiste à ne pas fumer à l’intérieur ni à la fenêtre (imposer aux invités de fumer à l’extérieur).

Car il ne faut pas oublier qu'avec 3 000 substances toxiques, le tabac est le premier polluant présent dans les logements, provoquant des cancers par tabagisme actif et passifde l’asthme, des allergies, des maladies cardiovasculaires, etc.

Les produits ménagers, loin d’être anodins

Quant à l'utilisation de produits ménagers et des parfums d'intérieur, attention à bien limiter le nombre de produits utilisés et à privilégier les produits certifiés comme protégeant l’environnement.

Mieux vaut également éviter les produits en spray et veiller à ne pas mélanger les produits entre eux (notamment avec l’eau de javel), sans oublier de bien respecter les modes d’emploi, les doses et les indications de sécurité.

Gare aux parfums et bougies d'ambiance

Bien qu'agréables à utiliser, les bougies parfumées, encens et parfums d’intérieur sont également de grands pourvoyeurs de pollution intérieure car loin "d'assainir" l'intérieur, leur combustion dégage de nombreux polluants (composés organiques volatils ou COV, formaldéhyde, hydrocarbures aromatiques polycycliques). Il ne faut donc pas en abuser voire les éviter si une personne présente un système respiratoire sensible et si c'est le cas, bien veiller à aérer la pièce pendant au moins 10 minutes.

Utiliser les matériaux de bricolages / construction avec précaution

De nombreux matériaux de construction et produits de bricolage (peintures, colles, solvants, vernis, cires, décapants, diluants, laques, etc.) peuvent aussi émettre ces substances toxiques (composés organiques volatils ou COV, formaldéhyde, hydrocarbures aromatiques polycycliques).

Portez systématiquement les équipements de protection adaptés (masque filtrant, gants, lunettes) et veillez à bien refermer les produits après leur utilisation. Conservez-les ensuite dans un endroit aéré et hors de portée des enfants. Si les travaux se déroulent à l’intérieur, des pauses régulières s'imposent ainsi qu'une aération très régulière.

Les autres sources potentielles de pollution sont nombreuses :

  • appareils à combustion,
  • produits de décoration (colles, vernis…),
  • meubles (formaldéhyde),
  • activité humaine (cuisine, produits ménagers...),
  • présence d'animaux domestiques,
  • etc.

En vidéo : D'où vient la pollution de l'air intérieur ?

Aérer et ventiler pour préserver la qualité de l'air intérieur

Les maisons mal aérées font le lit des moisissures et des allergènes (acariens, poils d’animaux…), eux-mêmes étant source des maladies respiratoires et d’allergies.

Un seul mot d'ordre : aérer régulièrement son intérieur. Plus précisément : aérer toutes les pièces tous les jours en ouvrant grand les fenêtres pendant 10 à 15 minutes, voire deux fois par jour en période de pandémie. Et ce même s’il fait froid et même en cas de pic de pollution extérieur. Mieux vaut prendre le risque de faire entrer quelques polluants extérieurs, plutôt que de rester confiné dans son logement. Certaines activités demandent encore plus d’aération : le ménage, le bricolage, les travaux de décoration, de rénovation...

À noter : les logements sont équipés de systèmes de ventilation dont le rôle est d'assurer une circulation de l’air permanente. Il est possible de vérifier soi-même que les entrées d’air, les grilles et bouches d’extraction ne soient pas obstruées et de les nettoyer aussi souvent que nécessaire pour qu’elles restent efficaces. En revanche, l'installation doit être effectuée par un spécialiste de même que la vérification de leur fonctionnement (recommandée tous les trois ans). Un contrôle à ne pas négliger car une ventilation mal installée ou mal entretenue peut favoriser la présence de polluants dans le logement.

Les purificateurs d'air sont-ils vraiment efficaces ?

De nombreux travaux ont montré que l’usage de plusieurs épurateurs dans une même pièce permet d’éliminer la quasi-totalité des aérosols en 30 minutes. Ce qui laisse supposer qu’ils diminuent même efficacement la concentration de virus dans l’air en période épidémique. Pour autant, selon Bérénice Jenneson, "les épurateurs ont peu d’intérêt pour les particuliers, qui peuvent ouvrir les fenêtres de leur domicile. Ce type d’appareil a surtout vocation à être installé dans les pièces où la ventilation est insuffisante, voire inexistante".

L’utilisation de ces appareils doit donc être envisagée en complément et non pas en substitution d’un système de ventilation fonctionnelle. "Car ces appareils qui ont vocation à filtrer ou détruire les particules virales n’injectent pas de l’air frais", rappelle Fabien Squinazi. Les plus fiables et sûrs sont les épurateurs dotés d’un filtre HEPA H13 ou H14, qui retiennent plus de 99 % des particules mesurant moins de 1 μm, soit l’équivalent d’un centième du diamètre d’un cheveu. Mieux encore, choisissez un appareil porteur de la norme NF B44-200. Elle garantit aux consommateurs que l’appareil filtre les allergènes, les bactéries ou les virus.

En revanche, les technologies proposant de détruire les virus par l’ozone, la photocatalyse et ou les UV n’ont encore jamais fait la preuve de leur efficacité ni même de leur innocuité. Différentes autorités sanitaires françaises recommandent même de les éviter. Dernier point important : les filtres des purificateurs doivent être changés tous les 6 à 12 mois.

Attention aux sprays purifiants ou assainissants !

Si vous espériez assainir l’air des pièces de votre logement et mieux respirer grâce aux sprays aux huiles essentielles vendus en pharmacie, c’est raté.

Même si ces produits fonctionnent sans combustion, le fait de les vaporiser ou de les poser dans une pièce provoque l'émission de composés organiques volatils (COV) en quantités parfois très élevées. Des composés connus pour leur toxicité plus ou moins importante (toux, irritation nasale, oculaire et de la gorge...). Au lieu de purifier l’air, ces sprays créent une pollution supplémentaire qui risque d’affecter en particulier les personnes souffrant d’allergies et d'asthme.

Riches en composés organiques volatils, ils favorisent en effet l’apparition de troubles respiratoires.  Et le risque concerne aussi une exposition cutanée, car les gouttelettes non volatilisées sont susceptibles de retomber sur la peau. L’Agence nationale de sécurité sanitaire et de l’environnement (Anses) recommande ainsi "de limiter le recours à ces produits chez les personnes sensibles”, notamment celles ayant les poumons fragiles et les enfants. Éviter de les pulvériser dans une pièce occupée. Il est conseillé de les laisser agir 15 à 30 minutes puis de bien aérer.

Le capteur de CO₂, pertinent dans les lieux clos partagés pour assainir l'air intérieur

À chaque respiration, nous dégageons du dioxyde de carbone (CO₂). La quantité de ce gaz dans un lieu clos occupé reflète la qualité de l’aération : si elle est élevée, cela signifie que l’aération est insuffisante. La lecture est très simple : le taux de CO₂ est indiqué sur l’écran. Dans un avis d’avril 2021 (source 2), le Haut Conseil de la santé publique recommande que le niveau de CO₂ dans une pièce ne dépasse pas 800 ppm si les occupants sont masqués, et 600 ppm si personne ne porte de masque. Au-delà de ces seuils, il faut ouvrir la fenêtre. 

"Mesurer la concentration de CO₂ est pertinent lorsque plusieurs personnes vivent sous le même toit, partagent un bureau ou accueillent du public dans un lieu mal ventilé. En revanche, l’intérêt est plus faible pour une personne seule se trouvant dans une pièce de grande taille car l’augmentation du taux de CO₂ sera limitée", décrypte Bérénice Jenneson. Il est toutefois important d’acheter des outils efficaces et sûrs. "Optez pour un détecteur reposant sur la technologie infrarouge, aussi appelée NDIR", précise Fabien Squinazi. Le mieux est que l’appareil ait été étalonné en usine. Sinon, il est possible de le tester soi-même à l’extérieur. Le taux affiché devant être autour de 400 ppm. 

Bien s'informer au moment de l'achat

La réglementation s'est durcie depuis quelques années. Il existe ainsi un signalement obligatoire des polluants volatils pour tous les produits de construction et de décoration vendus en France : vernis, revêtements de sols, cloisons, peintures… Cet étiquetage obligatoire a vocation à s'appliquer aussi à l'ameublement. Dès l'achat, privilégiez donc les produits qui contiennent le moins de polluants : lisez les étiquettes COV, choisissez les écolabels européens et consultez les pictogrammes. 

À noter que certains meubles neufs (en bois aggloméré notamment) dégagent pendant un certain temps des substances chimiques. Idéalement, la meilleure mesure de précaution consiste à les laisser quelques jours dans un endroit très ventilé avant de les installer dans la chambre ou le salon.

Quel label choisir pour les meubles ?

  • Ecolabel et NF environnement : l’écolabel est européen, NF environnement est sa version française. Leur objectif : signaler les produits les plus sains et les plus biodégradables possibles. Des mesures sont effectuées sur les peintures et les produits d’ameublement pour vérifier leur teneur en formaldéhyde. L’écolabel est plus exigeant que les normes européennes pour toutes les émissions de composés organiques volatils (COV).
  • Ecocert : le cahier des charges privilégie les ingrédients d’origine végétale (bio essentiellement) ou minérale n’émettant pas de COV. Dans les détergents, seuls certains conservateurs sont synthétiques, faute de produit de substitution. Les bougies et les parfums d’ambiance fabriqués à partir d’huiles essentielles n’émettent pas de COV. Sont aussi labellisés des produits pour les sanitaires, avec de l’eau oxygénée (biodégradable).
  • Nature et Progrès : le cahier des charges n’autorise que les matières premières d’origine naturelle, si possible 100 % bio. Les produits d’entretien ne contiennent aucun ingrédient d’origine pétrochimique. Exceptionnellement, un conservateur d’origine chimique peut être autorisé. Les parfums d’intérieur sont à base d’huiles essentielles.
Sources
OSZAR »