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TikTok : l'application mobile à l'origine de tics incontrôlés chez les jeunes ?

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Publié le par Alexandra Bresson

Plusieurs chercheurs estiment que certaines vidéos diffusées sur le réseau social TikTok, ainsi qu'une augmentation de l'anxiété et de la dépression en lien avec l'épidémie de COVID-19, favorise l'apparition croissante de symptômes similaires au syndrome de Gilles de la Tourette chez les jeunes. Les adolescentes seraient les plus susceptibles de développer un tic moteur ou vocal.

Le réseau social de partage de vidéos TikTok est connu pour ses challenges dont certains sont très dangereux et donc à ne pas reproduire. Alors que beaucoup de jeunes y ont été très actifs pendant les périodes de confinements à travers le monde en lien avec l'épidémie de COVID-19, des chercheurs alertent sur un effet jusqu'ici peu connu de cette plateforme : l’augmentation de tics chez les adolescents, notamment les jeunes filles. Dans un article publié dans le British Medical Journal (source 1), des médecins font en effet part de ce lien étrange apparu ces derniers mois entre le célèbre réseau social et ce phénomène, dont les confinements auraient joué un rôle « d'amplificateur ».

Les médecins ont déclaré que les jeunes filles avaient regardé des vidéos d'influenceurs sur TikTok qui disaient souffrir du syndrome de Gilles de la Tourette, un trouble du système nerveux qui pousse les gens à faire des mouvements ou des sons répétitifs et involontaires. Une enquête du Wall Street Journal (source 2) indique que de nombreux centres pédiatriques des troubles du mouvement aux États-Unis ont signalé un afflux d'adolescentes présentant des tics similaires. Donald Gilbert, neurologue au Cincinnati Children's Hospital Medical Center a ainsi admis environ 10 nouveaux cas d'adolescents atteints de tics par mois depuis mars 2020, contre un par mois avant la pandémie de COVID-19x.

Les spécialistes d'autres grandes institutions ont également signalé des cas similaires. Depuis mars 2020, le Texas Children's Hospital a signalé environ 60 adolescents avec de tels tics nerveux, alors que les médecins recevaient seulement un ou deux cas par an avant la pandémie de COVID-19. Il en va de même au Johns Hopkins University Tourette's Center : 10 à 20% des patients pédiatriques présentent aujourd'hui ce type de comportement contre 2 à 3 % un an avant la pandémie. Tout partait pourtant d'une bonne intention, à savoir dédramatiser la maladie avec humour via des vidéos publiées sous les hashtags #tourette ou #tourettesyndrome, devenues virales avec des millards de vues.

Le stress de la pandémie, facteur de risque de tics nerveux

Les spécialistes sont unanimes quant au fait que les adolescents concernés étaient plus susceptibles d'avoir aussi déjà reçu un diagnostic d'anxiété ou de dépression, qui s'était intensifiée pendant la pandémie. « Les symptômes physiques du stress psychologique se manifestent souvent d'une manière que les patients ont déjà vue chez d'autres. », explique au Wall Street Journal le Dr Donald Gilbert. Les spécialistes s'interrogent donc : ces jeunes copient-ils les tics qu'ils voient dans ces vidéos, comme un effet de mimétisme inconscient ? Les tics décrits sont le plus souvent la répétition de mots aléatoires, de jurons et de déclarations obscènes, et des mouvements complexes des mains et des bras.

Mais reste que le réseau social ne serait pas directement en cause : ce phénomène est à considérer davantage comme une conséquence du stress en lien avec la pandémie, un facteur exacerbé par l'utilisation massive des réseaux sociaux et le visionnage de vidéos « Gilles de la Tourette ». D'autant que certains médecins remettent en question les diagnostics déclarés de certains « TikTokers » publiant ce type de vidéos. Ils estiment en effet que les comportements que ces influenceurs majoritairement féminins affichent dans leurs vidéos ne sont pas caractéristiques de ce syndrome, qui touche plus de garçons que les filles et a tendance à se développer progressivement au fil du temps.

Pour se débarrasser de ces tics, les médecins recommandent aux jeunes concernés de suivre une thérapie cognitivo-comportementale et de ne pas utiliser TikTok pendant plusieurs semaines. Mais si les tics sont assez graves pour interférer avec la vie quotidienne, ces derniers recommandent d'obtenir un rendez-vous avec un médecin spécialisé dans les troubles du mouvement. « Une intervention précoce et le bon diagnostic peuvent aider à les résoudre au plus tôt. », soulignent-ils. Enfin, les auteurs de l'article publié dans le Bristish Medical Journal appellent plus généralement à explorer plus avant le rôle des médias sociaux, et en particulier la dangerosité de ce phénomène de « contagion » chez les jeunes.

Sources
OSZAR »