Ce jeudi 12 juin est la journée nationale de sensibilisation au TDAH, trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. Ce trouble, qui apparaît généralement dans l’enfance, peut parfois être confondu avec un trouble bipolaire. Le Pr Manuel Bouvard, psychiatre et chef du pôle Universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et Adolescent au CH Charles Perrens de Bordeaux, nous en détaille les principales différences.
Des différences notables entre les deux troubles
L’apparition de ces deux troubles n’a généralement pas lieu au même moment : le TDAH débute plutôt dans l’enfance, avec un diagnostic possible dès l’entrée en primaire (CP, CE1), tandis que le trouble bipolaire apparaît rarement avant 14-15 ans, et est plutôt diagnostiqué durant l’adolescence ou au début de l’âge adulte.
« Dans le TDAH, on a une situation pathologique chronique, sans forcément de connotation d’humeur », indique le pédopsychiatre. L’enfant est facilement distrait, a des difficultés pour s’organiser, mais n’a pas cette labilité de l’humeur de l’enfant bipolaire, ou du moins pas à un tel degré. L’enfant bipolaire va avoir tant des moments de déprime, de tristesse, avec des pensées noires (phase dépressive), que des moments d’euphorie, de toute puissance (phase maniaque ou hypomaniaque).
Le TDAH a cela de chronique qu’il est toujours présent (tant qu’il n’est pas pris en charge), là où les troubles de l’humeur vont fluctuer. On a un côté épisodique dans le trouble bipolaire, que l’on ne retrouve pas chez l’enfant TDAH. Pr Manuel Bouvard, pédopsychiatre.
L’autre différence majeure concerne le sommeil : si l’enfant atteint de TDAH peut avoir des difficultés d’endormissement, dues à son hyperactivité, l’enfant bipolaire sera quant à lui sujet, en phase maniaque, à des besoins en sommeil diminués, sans conséquence sur la fatigue. On parle d’insomnie sans fatigue, qui engendre alors une forte activité nocturne.
Les deux troubles sont parfois associés
« Avant 12 ans, face à un enfant agité, qui a du mal à maintenir son attention, on va penser au TDAH », souligne le Pr Bouvard. Mais le diagnostic est rendu compliqué par l’existence de symptômes proches entre TDAH et trouble bipolaire, et par l’existence d’une forte comorbidité : 20 à 30 % des personnes bipolaires ont un TDAH associé.
Quand il y a comorbidité, que les deux troubles sont associés, il faut traiter les deux pathologies, avec d’abord un thymorégulateur pour réguler l’humeur. Pr Manuel Bouvard.